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LA GUERRE DE 1870

V[1]
LE RENVERSEMENT DU MINISTÈRE DU 2 JANVIER


I

Dès dix heures du matin, le 9 août, des masses compactes d’ouvriers descendaient des divers quartiers de Paris, notamment de Belleville, et s’entassaient sur la place de la Concorde et les quais. Tous n’étaient pas des hommes d’action, mais 4 ou 5 000 communistes, anarchistes, blanquistes, étaient organisés, résolus et auraient entraîné le reste. Se mêlaient à cette foule les républicains qui n’étaient que républicains sans mélange de socialisme et un grand nombre d’orléanistes<ref> Jules Simon, Souvenirs du 4 septembre, t. 1, p. 250. </<ref>, enfin les curieux habituels, friands de spectacles publics. Le maréchal Baraguey d’Hilliers, suivant ponctuellement nos instructions, montra une martiale décision. A une heure, il se rendit au Corps législatif en grand uniforme, revêtu du grand cordon, suivi de trois aides de camp ; il vint veiller lui-même à l’exécution des mesures de défense ordonnées la veille au soir. Toutes les issues furent fermées, sauf celles du quai d’Orsay et de la rue de Bourgogne, les troupes disposées de manière à faire tête à l’irruption de la foule. L’intérieur du Palais-Bourbon ressemblait à un camp. A mesure que les soldats se rangeaient aux abords du

  1. Voyez la Revue du 1er juin.