Page:Revue des Deux Mondes - 1912 - tome 9.djvu/829

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et l’Atlas, offre presque seule, dans la colonie, des conditions tout à fait propices à la culture ; on en évalue la superficie à une douzaine de millions d’hectares. Les hauts plateaux qui la dominent à une hauteur de mille ou quinze cents mètres en général peuvent couvrir une superficie approximativement égale où l’on trouve aussi des parties offrant des ressources à la culture. Vingt à vingt-cinq millions d’hectares, l’étendue d’une quarantaine au plus de départemens français, une moitié de bonne qualité, l’autre moitié de qualité médiocre, voilà les surfaces sérieusement utilisables que l’Algérie offre au cultivateur ou au pasteur de bestiaux. Les 23 ou 30 autres millions d’hectares ne peuvent comporter des cultures ou des dépaissances que sur des points exceptionnels.

Les ressources minières, sauf quelques gisemens de fer, se dissimulèrent longtemps en Algérie. Aussi le développement du pays, malgré l’apport des capitaux et des capacités techniques des Français, ainsi que d’une immigration européenne qui ne fut pas négligeable, témoigna-t-il pendant presque les trois premiers quarts de siècle suivant la conquête d’une certaine indécision et d’une relative lenteur. Aucun succès éclatant ne se révélait qui put servir d’entraineur.

Depuis l’ouverture du XXe siècle, un changement quasi subit s’est produit, et l’Algérie s’est mise à jouir d’une prospérité économique, un peu tardive et imprévue, mais qui semble aujourd’hui définitive. Une culture y a donné des résultats très avantageux, la vigne ; les prix extraordinairement élevés du vin dans les dernières années y ont fait naître des fortunes inattendues. Les céréales et le bétail, objet de soins méthodiques, se sont montrés rémunérateurs également. Le sous-sol algérien mieux exploré, a témoigné de richesses insoupçonnées. Les voies de communication, qui longtemps étaient restées presque stationnaires, ont bénéficié d’un trafic rapidement ascendant. Comme l’écrivait ici même, il y a quelques semaines, en tête d’un très intéressant article sur la Situation des indigènes et le Crédit agricole en Algérie, M. Raymond Aynard, les recettes des chemins de fer, de 23 millions et demi de francs, moyenne quinquennale de 1891 à 1895, se sont élevées à près de 46 millions en 1910, ayant à peu près doublé, quoique le réseau, dans cette période, ne se soit que médiocrement étendu. Quant au commerce extérieur de l’Algérie, il a fait de véritables bonds :