Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1912 - tome 9.djvu/830

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de 786 millions de francs on 1909, il s’est élevé à 1 milliard 25 millions en 1910 et a atteint d milliard 78 millions en 1911. Il faut, toutefois, tenir compte de ce que le chiffre des exportations algériennes a été singulièrement grossi par la hausse extraordinaire des prix du vin ; on sait que les vins communs se sont couramment vendus au prix de 40 francs l’hectolitre au cours de la campagne de 1910-1911, contre une dizaine de francs dans les années précédentes. L’Algérie a pu ainsi exporter en 1911 pour 207 690 000 francs de vin, d’après les évaluations de la douane ; mais il y a là une centaine de millions de francs que l’on doit regarder comme un produit extraordinaire, destiné à ne plus se représenter qu’à des intervalles excessivement éloignés. Les Algériens feront bien de ne pas se laisser griser par ces prix tout à fait passagers du vin ; ils agiront sagement en n’étendant pas leurs vignobles, s’ils ne veulent pas retomber « dans la désastreuse mévente dont le cuisant souvenir ne doit pas être oublié. Ils ont, outre les céréales, le bétail, les primeurs, d’autres produits susceptibles d’une extension considérable, et l’on se reprend à cultiver dans la contrée le coton qui, s’il y réussissait, grâce à des méthodes plus scientifiques et plus soigneuses, pourrait apporter à l’Algérie un nouvel élément de vie.

Les organismes commerciaux et financiers, pendant longtemps languissans, sinon souffreteux dans notre colonie, y jouissent maintenant d’une prospérité qui parfois est éblouissante. Il suffit de citer les cours de la Banque de l’Algérie, dont les actions de 500 francs, après des péripéties pénibles il y a vingt ans, se cotent aujourd’hui aux environs de 3000 francs, celles de la Compagnie algérienne qui valent près de 1 500 francs, celles aussi du Crédit Foncier et Agricole d’Algérie, qui se tiennent à 675 francs ; tous ces établissemens avaient été plus ou moins éprouvés il y a une vingtaine d’années. Parmi les mines, l’action de 500 francs de la Société de Mokta-el-Hadid se cote aux environs de 2 500 francs ; il est vrai que cette société est devenue aujourd’hui plus tunisienne qu’algérienne. D’autres actions de mines sont aussi à de bons cours. Il n’est pas, comme certains rigoristes pourraient l’imaginer, hors de propos de citer ici ces cours de bourse : s’appliquant à des valeurs qui ne sont pas spéculatives, ils témoignent que la confiance et la faveur publique, qui longtemps s’écartaient d’elles, sont revenues aux choses algériennes.