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Malheureusement, la métropole, par ses préventions, sa routine, ses formalités de vieille personne endormie, fait parfois obstacle à l’essor des entreprises en Algérie. On en a eu un exemple que nous n’hésitons pas à qualifier de scandaleux dans la question de l’Ouenza : on sait qu’il s’agit d’un gisement de fer dans la province de Constantine que l’on considère comme exceptionnellement riche. Depuis plusieurs années, l’autorisation du Parlement français est demandée pour la construction d’un chemin de fer devant desservir la région où se trouve le gisement ; on ne sollicite de la France aucune subvention, aucune garantie ; la colonie elle-même n’aura, d’ailleurs, pas à en fournir ; les concessionnaires se chargeront de construire la ligne à leurs frais. Or, le Parlement français, par les motifs les plus mesquins, retarde son assentiment. Il ne devrait pas oublier que l’on crée ainsi la désaffection dans les colonies et que, si les circonstances le comportaient, ce qui n’est pas et ne sera sans doute jamais le cas, on risquerait d’y susciter des idées séparatistes.

Une modification s’impose au statut entre la France et l’Algérie : il convient que la colonie soit désormais maîtresse, sous sa responsabilité propre, de ses concessions de mines et de voies ferrées ; la seule réserve que l’on puisse apporter à l’autonomie algérienne sous ce rapport, c’est que le gouvernement métropolitain aurait le droit, dans un délai court, de trois mois par exemple ou de six mois au plus, de s’opposer à la concession en formulant les raisons de son opposition et en suggérant les modifications désirables ; au cas où l’opposition n’aurait pas été faite, dans le délai sus-indiqué, par la métropole, avec l’indication précise des motifs, la concession donnée par les pouvoirs publics algériens deviendrait ipso facto définitive.

Dans l’ensemble, néanmoins, l’œuvre économique en Algérie se montre considérable et heureuse. C’est au point de vue social que l’œuvre française en cette contrée peut le plus susciter de critiques et qu’elle paraît comporter le plus de lacunes. Il s’agissait d’implanter dans le Nord de l’Afrique une nombreuse population européenne, de la faire vivre en harmonie avec la population indigène, de relever graduellement le niveau de celle-ci et de le rapprocher du niveau européen.

Il serait excessif de nier qu’une partie tout au moins de cette tâche n’ait été accomplie. L’Algérie, quand nous en prîmes possession,