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qu’au moins la moitié des sommes provenant, dans les communes mixtes, des impôts indigènes, devrait être employée en œuvres directement et spécialement utiles à ceux-ci, par exemple, aux écoles indigènes, aux chemins, aux fontaines, aux puits desservant les douars ou hameaux indigènes, l’autre moitié pouvant être affectée aux dépenses générales de la commune.

Le code de l’indigénat contient des prescriptions, édicté des servitudes dont certaines ne peuvent aucunement se justifier, surtout à l’endroit des indigènes notables, ayant un rang social ou une situation commerciale qui doit les mettre au-dessus de mesures policières vexatoires. Nous n’avons cessé de signaler les plus crians de ces abus.

Les indigènes sont, en outre, soumis, en droit ou en fait, à des corvées dont ils sentent amèrement le poids. Nous en avons cité des exemples frappans, notamment en ce qui concerne la répression des incendies de forêts. Les plaintes légitimes qu’ils font entendre à ce sujet sont distinctes de leurs griefs généraux contre le régime forestier. Il se peut que, dans certains cas, on exagère les rigueurs du régime forestier en Algérie ; on peut le tempérer en tant que les tempéramens ne nuiraient pas sensiblement a l’œuvre très remarquable qui se poursuit, depuis nombre d’années, en vue de la reconstitution des forêts algériennes. Outre leur incontestable utilité climatérique, les forêts domaniales commencent à être une source de revenus pour l’Algérie. Elles sont inscrites au budget de 1912 pour une recette de 4 388 000 francs, qui laisse, relativement aux dépenses, un excédent de 5 à 600 000 francs. Userait peut-être possible d’abandonner une petite partie des 1 955 000 hectares de forêts domaniales ; mais il est très désirable qu’au moins les trois quarts de ces étendues continuent d’être l’objet de soins attentifs et d’intelligentes dépenses qui les mettent en valeur.

Nous avons ici même, il y a une demi-douzaine d’années, consacré une étude à l’exposé fait par un ancien officier, interprète indigène, M. Ismaïl Hamet, dans son livre : Les Musulmans français du Nord de l’Afrique, de la situation et des aspirations de ses coreligionnaires[1].

Ces aspirations naturellement peuvent moins s’atténuer que grandir. On a beaucoup parlé, dans ces derniers mois, d’une

  1. Voyez notre article dans la Revue des Deux Mondes du 1er mai 1906.