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Page:Revue des Deux Mondes - 1912 - tome 9.djvu/856

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pour le personnel et le service des palais et 810 000 pour la « dotation des princes et princesses de la famille husséinite. » Il faut faire de même pour le sultan du Maroc : on ne peut lui allouer moins de 1 200 000, sinon de 1 500 000 francs par an : cela doit être la première dépense marocaine ; une bonne liste civile, bien assurée, est le meilleur remède contre la neurasthénie des souverains protégés ; il faudrait également se montrer large pour les grands caïds, afin de les empêcher de « manger » leurs administrés, ce qui est infiniment plus coûteux par les conséquences indirectes. Les Anglais savent à merveille faire ces sortes de choses, ce qui rend leur colonisation plus efficace et peu onéreuse. Il conviendrait ensuite d’empêcher le makhzen, ainsi convenablement pourvu, de dilapider ses biens, comme il parait le faire, faute de moyens, depuis plusieurs années.

Il serait utile qu’on put commencer et conduire rapidement à bonne fin quelques travaux publics : il faut s’inspirer des méthodes britanniques, américaines, même russes. Il est tout à fait superflu et prématuré de faire des routes : les pistes suffiraient longtemps en construisant seulement des ponts sur les fleuves difficilement guéables. Il faudrait, au contraire, des chemins de fer. Dans la monographie sur la Chaouïa que nous citions il y a un instant, on énumère comme s’imposant en première ligne les voies ferrées suivantes : Tanger-Fez (235 kilomètres environ ; ; Casablanca-Rabat-Dar-Zrari-Fez (290 kilomètres) avec raccordement éventuel sur Mekhnez ; Oudjda-Taza-Fez (300 kilomètres) ; Casablanca-Marakkeh (240 kilomètres : c’est en tout 1 065 kilomètres, disons 1 100. En les construisant suivant la méthode tunisienne, qui est aussi la méthode sud-africaine et celle de toutes les colonies britanniques, à la voie étroite de 1 m. 05, il est probable que le prix de revient moyen ne dépasserait pas 120 000 francs au kilomètre, ce qui représenterait une dépense totale de 130 millions dont l’intérêt et l’amortissement coûteraient environ 6 millions ; il est probable que, au bout de quelques années, un bon tiers, sinon la moitié de cette somme serait couverte par les recettes nettes.

Les travaux de chemins de fer sont beaucoup plus essentiels que ceux de ports ; en faisant baisser de 25 centimes à 12 en moyenne le prix de transport de la tonne kilométrique, le chemin de fer, pour un transport moyen, de 120 kilomètres, fait une économie de 15 francs par tonne ; les meilleurs travaux de