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seront soumis, sans doute, au tarif général. Cette considération devra diriger les cultures européennes au Maroc vers les produits ayant pour débouché le marché universel : les céréales, le bétail, les olives, les primeurs, le coton, s’il y réussit.

La population européenne au Maroc doit s’élever maintenant a une quarantaine de mille âmes, dont, sans doute, 8 à 10 000 Français, près de 30 000 Espagnols et à peine 2 ou 3 000 Européens d’autres nationalités. A Tanger, sur 45 000 habitans, on compte 8 à 9 000 Européens dont 1 à 8 000 Espagnols, les autres presque tous Français ; à Casablanca, sur 47 000 habitans en 1911, on comptait 30 000 indigènes, 8 000 Israélites et 9 000 Européens. Quant aux colons établis dans l’intérieur, le recensement approximatif fait dans la région de Casablanca en 1911 en recensait 201, dont 127 Français ; on ajoutait que, depuis lors, ces chiffres avaient dû s’accroître.

Si les contrées occupées par nos troupes ne sont pas troublées, il est probable que le nombre des Européens augmentera graduellement, du chef des ouvriers d’art notamment et des commerçans de toute nature, plutôt, sans doute, que de celui des cultivateurs proprement dits. Mais on ne peut espérer que, à bref délai, des centaines de mille Européens se fixent dans cette contrée. Certains coloniaux en émettent cependant l’espoir, notamment M. Joseph Chailley, député, directeur de l’Union Coloniale, dans une fort instructive étude[1].

Le sous-sol pourrait contribuer tout autant que le sol à l’essor du Maroc. Le pays contient-il des mines de premier ordre ? Les bonnes mines sont d’une utilité incomparable à une contrée neuve. Elles lui font d’abord la plus productive des réclames ; puis, en fournissant un ample et rémunérateur trafic aux chemins de fer et aux ports, elles ouvrent rapidement le pays de part en part. Les services que de bonnes mines rendent à une contrée neuve dépassent de beaucoup la valeur de leur production, non seulement nette, mais brute. C’est ce qu’ont démontré avec éclat les phosphates en Tunisie. On cherche partout des gisemens miniers au Maroc ; jusqu’ici, sauf quelques mines de fer aux environs de Mélilla, on n’a rien trouvé d’important. Mais les mines se révèlent parfois très tardivement et par hasard. En Algérie et en Tunisie les principales richesses minières sont

  1. Comment organiser notre protectorat au Maroc par M. Joseph Chailley, 1912.