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Entre ses noirs rameaux dont le suc est amer,
Tes yeux verront, dans la clarté d’un beau soir, luire
Le roc de Salamine au-dessus de la mer.


LE VOYAGE


Sur le tillac, dressez, marins, une humble tente
Pour m’abriter du froid nocturne et de l’embrun ;
J’entendrai l’eau tambouriner sur son cuir brun
Quand le vent gonflera la voile palpitante.

Je m’enfuis : l’horizon illimité me tente ;
Adieu, l’amour perfide et le bonheur défunt !
La mer est belle ; en m’enivrant de son parfum,
J’oublierai que la vie a déçu mon attente.

A mon espoir, je vois s’ouvrir un nouveau champ
J’ai hâte de sentir, sous l’éperon tranchant,
Les vagues se cabrer comme un coursier superbe.

Emporte-moi, léger vaisseau, puissant dauphin,
Vers la rive où bientôt je trouverai sous l’herbe
Le but d’un long voyage et d’un désir sans fin.


VEGA.