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eût dit qu’il aspirait, allant à Canossa, à y mener avec lui les nationaux-libéraux eux-mêmes, à y traîner, jusqu’au dernier, tous les parlementaires qui avaient fait le Culturkampf. « Le Culturkampf, quel mot risible ! ricanait un collaborateur des Grenzboten. Un bien grand mot pour ces petites choses, dont assurément la culture de l’humanité ne dépend pas ! » Bismarck, non content de déserter le Culturkampf, le faisait bafouer.

Mgr Kopp, le lendemain 13 avril, reprenait la parole pour affirmer, à l’encontre de Miquel, la valeur des promesses que donnait la note papale du 4 avril, et pour garantir la véracité du Vatican. « Le Saint-Siège a mieux fait qu’apposer son sceau sur sa promesse, déclarait l’évêque ; il l’a mis dans la main du chancelier. » Il sollicitait discrètement les regards de ses auditeurs sur un pays voisin, où l’Etat donnait des entorses au Concordat, et où le Saint-Siège, pourtant, se considérait comme lié par ce pacte vénérable. Quelques nationaux-libéraux exaspérés renouvelèrent contre l’Eglise de Rome les assauts d’autrefois. Mais leurs longues invectives n’avaient plus qu’un médiocre écho. Elles pouvaient, assurément, réchauffer quelques haines ; mais Bismarck, à l’avance, avait mis le Pape à l’abri de ces haines. Il leur offrait une proie : le Centre. « Les interprètes des intentions papales, observait-il, ne sont pas les publicistes de la Germania, mais les membres épiscopaux du Landtag. La Germania veut la brouille, le Pape veut la paix : ils sont à mille lieues l’un de l’autre. » Sans réclamer formellement le vote des amendemens Kopp, il laissait penser aux Seigneurs qu’en les agréant, ils se mettraient aux antipodes du Centre ; et c’est ainsi que les Seigneurs, le 13 avril, acceptèrent, d’un bloc, le projet de Bismarck et les corrections épiscopales, présentées, ou peu s’en fallait, comme des corrections papales. A l’issue de ce vote, Léon XIII apparaissait vainqueur, et l’on parlait de Windthorst comme d’un homme mort.


IV

Bismarck, avant de paraître devant l’autre Chambre du Landtag, voulut avoir de Rome des « concessions effectives. » Se plaçant sur le terrain même qu’avait défini le Saint-Siège, il fit savoir à Jacobini, le 23 avril, que la Prusse promettait de