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réviser ultérieurement, d’une façon plus complète, les lois de Mai. Cela devait suffire à Léon XIII, pour l’instant.

Deux jours plus tôt le Pape disait à quatre députés du Centre :


Ayez confiance dans l’action du Saint-Siège. J’ai suivi avec attention le cours des événemens dans votre patrie, et j’ai fait pour elle tout ce qui était en moi. Mais tout ne peut se faire en un moment. L’amélioration lente et progressive est dans la nature des choses humaines, spécialement dans votre patrie, où n’existe pas l’unité de foi, et où il faut nécessairement traiter avec le protestantisme, qui est, dans son essence, adversaire du catholicisme.


Des âmes que de longues années de vexations et de luttes avaient habituées à épier sans cesse, pour le déjouer, le mauvais vouloir de Bismarck, étaient naturellement peu enclines à croire rapidement à son bon vouloir : militantes et belliqueuses aux heures où cette attitude convenait, il fallait désormais, pour achever l’accord préparé par leurs luttes, qu’elles devinssent plus douces, plus patiemment confiantes, plus pacifiques. Ce n’était pas sur le sol d’Allemagne, où fermentaient encore les souvenirs et les passions du Culturkampf, qu’elles pouvaient aisément parvenir à cette suprême victoire sur elles-mêmes, à laquelle devait succéder la victoire finale du Pape ; mais quand Léon XIII les avait sous son regard, quand il les enveloppait de son geste bénissant, il s’attachait à les apaiser, à leur faire discerner le possible et l’impossible, l’évitable et l’inévitable.

Au moment même où le Pape parlait ainsi, Windthorst écrivait de Hanovre à la femme de son ami Klopp : « Les luttes religieuses ne sont pas encore à leur fin. On attache trop grand prix à ce qui a été obtenu jusqu’ici. » Mais, quel que fût l’émoi des hommes du Centre, il y avait une concession que Léon XIII, lié par ses promesses mêmes, ne pouvait plus faire attendre à Bismarck. Puisque le chancelier s’engageait k mettre à l’étude, incessamment, une révision plus complète des lois de Mai, Léon XIII devait inviter les évêques à présenter au pouvoir civil, sans délai, les noms des curés, pour les cures actuellement vacantes. Cette décision, dès le 25 avril, fut communiquée à Schloezer ; le nonce Di Pietro, le 26, la transmit aux évêques. « Sans délai, » insistait le nonce, dans une nouvelle lettre du 28 avril ; l’ordre était formel, et presque impatient. Quelques semaines dès lors allaient suffire pour que tous les presbytères déserts eussent enfin des occupans. « Wunderbar ! s’écriait dans