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Pontificat. Windthorst redisait que les Etats de l’Eglise étaient la propriété du monde catholique, que les fidèles avaient droit à une complète indépendance du Pape, et il ajoutait : « Je suis convaincu que la sagesse de Léon XIII et la puissance de notre Empereur trouveront une solution ; jusqu’à ce que ce but soit atteint, il faut que nous répétions chaque année notre cri pour le pouvoir temporel. Il faut nous adresser aux autres nations catholiques, afin qu’elles fassent la même demande. »

La première manifestation qu’avait faite, au début du nouvel Empire, le Centre du Reichstag, avait été, l’on s’en souvient peut-être, une revendication fort discrète des droits du Pape, récemment détrôné : Antonelli, avant d’être pleinement informé, avait été tout près de la trouver inopportune, et Bismarck, lui, ne l’avait pas pardonnée. En 1886, Windthorst, chef du Centre, traçant le plan d’une mobilisation catholique internationale pour les droits du Pape, laissait tomber de ses lèvres certaines phrases qui semblaient escompter une action politique de l’Allemagne. Elles ne pouvaient, assurément, être désagréables à Léon XIII, puisqu’elles renvoyaient à ses oreilles l’écho de ses propres rêves, et quant à Bismarck, il ne lui déplaisait pas, au point de vue de sa politique intérieure, que les catholiques de Prusse fussent amenés à porter leurs regards au delà des Alpes ; il ne lui déplaisait pas, surtout, au point de vue de sa politique extérieure, que Léon XIII attendit beaucoup de l’Allemagne, et que l’Italie, facile à s’effaroucher, se sentant mal à l’aise, encore, dans son installation nouvelle, fût accessible à certaines peurs, garantes de sa future docilité.


VIII

Léon XIII, à cette époque, attendait beaucoup de l’Allemagne, et Windthorst n’était pas sans le deviner. Plus attaché alors au principe monarchique qu’il ne le fut dans la suite, Léon XIII voyait dans Guillaume Ier le défenseur de ce principe en Europe, le souverain très écouté, qu’une certaine logique pourrait peut-être amener un jour à reparler à l’Italie du pouvoir temporel. Les diplomates qui avaient audience au Vatican regardaient l’imagination papale prendre essor. Les inquiétudes françaises s’éveillaient ; Victor Cherbuliez, ici même, les traduisait, les commentait, et les acheminait, aussi, vers certaines conclusions