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amères, au sujet de la politique religieuse que suivait le gouvernement de la République. En Allemagne d’autres inquiétudes faisaient écho : elles grondaient dans les bureaux des feuilles du Centre ; elles s’agitaient, à voix sourde, contre les impulsions de Léon XIII. La Feuille populaire de Westphalie, organe catholique, invitait les autres journaux du parti, en termes très soucieusement mesurés, à témoigner à l’égard des démarches pacificatrices du gouvernement, non point une méfiance réputée salutaire, mais une confiance vigilante : des publicistes qui depuis quinze ans étaient sur la brèche avaient quelque peine à comprendre cette nouveauté de nuance, et à s’y prêter. Des propos non démentis, que, d’après l’officieuse Gazette générale de l’Allemagne du Nord, Léon XIII avait tenus au nouvel évêque de Limburg, traçaient un programme qui répondait pleinement au tempérament très pacifique, très généreusement cordial, du nouveau prélat, mais pour lequel, inversement, la presse militante devait avoir peu de goût.


Vous êtes un évêque allemand, disait Léon XIII au prélat ; en Allemagne, vous vivez parmi des protestans ; vous êtes amené à de plus proches l’apports avec eux. Vous avez donc doublement l’obligation d’exercer votre charge dans un esprit de charité, de cordialité, de circonspection, de douceur, de bienveillance pour tous. Vous veillerez à ce que votre clergé se tienne loin des disputes et des querelles... Ayez aussi de bons rapports avec les autorités royales : de bons rapports personnels ne sont pas tout, mais c’est toujours quelque chose. J’espère avoir bientôt des renseignemens propres à nous conduire à une entente complète, et c’est la tâche commune du Pape et des évêques, dans la mesure où le gouvernement montre de la bonne volonté, de reconnaître cette bonne volonté, et de savoir à propos l’affermir.


Mais à côté des évêques ainsi sermonnés, la presse se tenait debout, habituée à la lutte, et toute disposée, parfois, à tourner contre les représentans de la modération, c’est-à-dire contre les chefs de l’Eglise, cette impétuosité d’assaut qu’elle ne pouvait plus diriger contre Bismarck. Si l’on en croyait la Feuille populaire de Düsseldorf, il y avait au moins un prélat qui, à force de reconnaître et de vouloir affermir la bonne volonté de Bismarck, avait trahi l’Église : c’était Mgr Kopp, évêque de Fulda. Cette Feuille populaire fit école ; et d’un bout à l’autre de la Prusse, plusieurs organes de moyenne importance accréditèrent une nouvelle d’après laquelle la Prusse, avec la complicité de