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se refroidit considérablement. C’est l’inverse de ce qui se passe lorsqu’on comprime rapidement de l’air, ce qui a pour effet de l’échauffer, comme ont pu le constater tous ceux qui ont eu à gonfler des pneumatiques de bicyclette. Pour donner une idée du refroidissement opéré par ce procédé, rappelons seulement que M. Cailletet, en comprimant de l’air sous une pression de 300 atmosphères dans un tube épais de verre au moyen d’une colonne de mercure poussée dans ce tube par une simple presse hydraulique, puis en supprimant brusquement la pression par l’ouverture d’un robinet, vit l’air, amené ainsi bien au-dessous de sa température critique, se résoudre subitement en un brouillard épais. Et c’est par ce procédé si simple que, pour la première fois, furent domptés les gaz permanens.

Le même résultat fut atteint peu après, par un autre procédé, dont l’idée et les perfectionnemens successifs sont dus à des savans divers parmi lesquels il faut citer entre tous Pictet, Olzewski et Wroblewski et enfin Kamerling-Onnes, le savant hollandais vainqueur de l’hélium. Ce procédé, dit des cycles multiples, consiste à descendre par étapes successives l’échelle des températures, en liquéfiant d’abord par simple compression un gaz aisément condensable, tel que l’acide sulfureux ou le chlorure de méthyle, dont l’évaporation dans le vide fournit une température assez basse pour dépasser largement le point critique d’un gaz plus rebelle, qui soumis au refroidissement du premier gaz est liquéfié à son tour par compression, puis sert à son tour d’instrument à la liquéfaction d’un gaz encore plus réfractaire.

Cette méthode admirable, où chaque gaz joue en quelque sorte vis-à-vis des autres le rôle d’une roue d’engrenage, a trouvé sa réalisation la plus parfaite au célèbre « laboratoire cryogène de Leyde, » qui, sous la direction du professeur Kamerling-Onnes, constitue un instrument de recherches sans égal dans le monde, et grâce auquel on a pu étudié sur une vaste échelle, les propriétés étranges de la matière aux basses températures. Actuellement le laboratoire ide Leyde dispose de cinq cycles successifs de liquéfaction qui lui permettent d’obtenir toute la gamme des températures suivantes :

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1er cycle. Chlorure de méthyle jusqu’à — 90°
2e — Éthylène — — 160°
3e — Oxygène — — 217°
4e — Hydrogène — — 259°
5e — Hélium — — 271° 5


L’hélium lui-même a été, — triomphe suprême, — liquéfié en