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et l’on songeait à en introduire une à la Monnaie pour les laminoirs et coupoirs (1796). Dans les mines, il y en avait quelques-unes, même avant Thermidor, avant 1794, à Anzin, à Carmaux, peut-être à Aniche, mais seulement pour l’épuisement des eaux. Ce n’est qu’en 1799 que Périer proposait à l’Institut d’appliquer la machine à vapeur « à monter le charbon des mines, » et ce n’est qu’en l’an IX (1800 ou 1801) qu’il en faisait l’essai à Littry, près de Bayeux. Ce n’est qu’à la fin de 1802 (13 vendémiaire an XI) que le Moniteur signale l’emploi d’une machine à vapeur dans une filature de coton à Rouen.

Comme la grande industrie moderne, naissait « la classe ouvrière, » au sens moderne du mot, qui en est le sens plein. Dans les 400 mines de houille qui étaient en exploitation, dans les 2 000 établissemens à feu, fourneaux, forges, martinets et fonderies où se fabriquaient les fers, les aciers et les tôles, en frimaire an VII (novembre 1798), dans les papeteries, les verreries, les fabriques de draps, de toiles et de cotonnades, le travail et les travailleurs commençaient ou continuaient à se concentrer, hommes, femmes et enfans. Voici les papeteries de Buges, où, autour de 16 cuves, sont employés 150 hommes, 148 femmes, 83 enfans, dont quatre de moins de onze ans, en tout 381 personnes : des enfans encore, chez Le Petit-Walle, fabricant de rasoirs à Paris ; 300 enfans assistés sont accordés à Boyer-Fonfrède, pour sa manufacture de Toulouse, « à la charge... de les faire instruire dans les principes du gouvernement républicain. » Butel, fabricant de toile à voiles, à Bourges, demande aux hospices, pour les occuper à la filature, 400 ou 500 « jeunes filles âgées d’au moins dix ans. » Cent jeunes filles sont ainsi confiées à Sykes, de Saint-Remy-sur-Avre, près Nonancourt (Eure) : 80 ont de neuf à dix ans, 20 de quatorze à quinze ans. Chez les successeurs de Réveillon (papiers peints), le premier travail est exécuté par de « petits enfans. » De même chez Robert. De même dans le tissage, pour les métiers à la tire. Dans la faïence, chez Potter, à Chantilly, chaque tourneur ou modeleur a comme aides un ou deux jeunes enfans. A l’horlogerie, chez Japy, travaillent des enfans et « des infirmes. » Dans la filature Lachauvetière, à Bordeaux, « la facilité de manœuvrer les machines permet de n’y employer que des femmes, des enfans et des estropiés ou des gens privés de la vue. » La journée de travail est longue. Dix heures seulement, semble-t-il, pour la laine ;