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Sera-t-elle facile et sans rude montée ?
Par des ombrages frais largement abritée ?
Ou dure, te menant à des pays glacés ?
Sous l’averse qui cingle et dans le vent qui pleure
Y sauras-tu marcher sans faiblir, jusqu’à l’heure
Où Dieu te dira : « C’est assez ! »

Et comment seras-tu dans ta forme agrandie,
Cher enfant ?... Auras-tu la démarche hardie,
Le regard énergique et le geste assuré ?
Ou bien, charmant toujours par ta grâce timide.
Auras-tu conservé ce sourire candide
Que nul chagrin n’a défloré ?

Quels seront tes désirs ?... Et quelle est ton envie ?.
Vers un but défini mèneras-tu ta vie ?
Rêveras-tu la gloire et son éclat vainqueur ?
Ou te suffira-t-il, loin de la renommée,
De vivre pour l’amour d’une compagne aimée
Et de t’endormir sur un cœur ?

Et quels seront tes goûts ? Qui sait ? Les miens, peut-être ?.
joie !... un peu de moi se transmettre à ton être !
Un peu de moi survivre à mon moi dispersé !
Et ceux qui m’ont connu pouvoir, — tard, je l’espère ! -
Voir dans le petit-fils revivre le grand-père
Et dans le présent le passé !

Aimeras-tu le ciel, enfant, comme je l’aime ?
Aux heures de douleur, comme je fis moi-même,
Tourneras-tu vers lui tes regards anxieux ?...
Suivras-tu dans sa course un fantasque nuage ?
Goûteras-tu le grand repos qui suit l’orage
Et les beaux soirs silencieux ?