Page:Revue des Deux Mondes - 1913 - tome 13.djvu/458

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et la duègne, nous les avons tous et toutes oubliés, quand ont paru les petites élèves de la Loïe Fuller ?


Les décors sont très soignés, quelques-uns même tout à fait suggestifs, dans l’Homme qui assassina ; et on pourrait continuer de s’étendre, à ce propos, sur l’art moderne de la mise en scène... Mais enfin, cette fois, il y a une pièce, et nous pouvons cesser de raconter des décors. La pièce de M. Frondaie est tirée d’un roman de M. Claude Farrére ; elle en est fort différente ; toutefois, c’est la condition même de ce genre d’ouvrages que la pièce suppose la connaissance du roman, et que, se bornant à faire allusion à certains développemens du livre, elle paraisse en maints endroits d’un art sommaire et d’une psychologie obscure, à moins qu’il ne soit superflu de parler ici de psychologie.

Nous sommes à Constantinople. Pendant que s’achève une fête, vont et viennent des personnages du monde officiel. Et voici ce que nous apprenons. Le directeur de la Dette ottomane, lord Archibald Falkland, a une maîtresse, une certaine Edith, recueillie par lady Falkland, et qui paie ainsi sa dette de gratitude pour l’hospitalité reçue au foyer. Les deux amans veulent à toute force se débarrasser de lady Falkland ; ils lui infligent humiliations sur humiliations ; ils veulent lui prendre son enfant. Tout notre intérêt se porterait sur cette femme malheureuse, si celle-ci n’avait eu une faiblesse que nous avons bien de la peine à lui pardonner. Elle a un amant, elle aussi. C’est un prince russe, Cernuwitz, ignoble personnage, de ceux dont l’approche salit une femme. Comme il doit à lord Archibald la forte somme, il est entre ses mains son âme damnée. Ah ! comme nous aurons de la peine à sympathiser avec la maîtresse de ce misérable ! Voilà de bien vilain monde. Mais il y a là, droit et fier, un officier fiançais, le colonel marquis de Sévigné, attaché militaire de l’ambassade. Nous ne savons pas encore en quoi consistera son rôle ; mais nous savons que ce sera le beau rôle.

Le second acte commence par une conversation beaucoup trop longue, si même elle n’est tout à fait inutile, entre Sévigné et Mehmet pacha, qui est quelque chose comme le préfet de police du Sultan. Arrive lady Falkland, pressée de faire auprès de l’officier français une démarche dont nous avons quelque peine à nous expliquer l’opportunité et la convenance. L’attaché militaire français lui inspire estime et confiance, tant et si bien qu’elle croit devoir lui apprendre qu’elle est la maîtresse du prince russe. Un de mes amis, conseiller municipal