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LE PEUPLE BELGE
SA PHYSIONOMIE MORALE ET PITTORESQUE

Ce n’est pas depuis très longtemps qu’on se préoccupe de reconnaître dans la Belgique d’aujourd’hui une originalité particulière, distincte de celle des autres peuples. Les établissemens industriels et commerciaux, les institutions politiques et sociales de ce pays excitent cependant l’attention de l’homme d’affaires, de l’économiste, du sociologue ; ils ont fait l’objet d’études approfondies. Mais on a pris une si grande habitude de les séparer, de les distinguer, de les évoquer hors de leur cadre national qu’ils ont fini par constituer des élémens d’intérêt purement technique. L’activité du peuple, dont ils ne sont que l’occasion et quelquefois la conséquence, demeure ignorée et, pourtant, elle a une physionomie tout à fait personnelle. Il parait dérisoire de vouloir comprendre ou commenter les formes où elle se déploie sans l’étudier en elle-même, sans remonter aux sources de son originalité persistante.

Quelques écrivains de France et d’ailleurs ont montré dernièrement l’importance de l’analyse du milieu dans la description de l’outillage économique et politique de la Belgique. M. Henri Charriant et M. Dumont-Wilden entre autres ont écrit chacun un ouvrage plein de conscience à cet égard. Je n’ai pas l’intention de les suivre dans leur documentation considérable. Bien au contraire, c’est la physionomie pittoresque seulement du peuple belge que je voudrais évoquer ici en tâchant, à l’aide de ma propre observation et, si on me le permet, de ma sensibilité