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La ripaille wallonne se dégage du repas plantureux et lourd chargé de viandes et de vins ; voici les sucreries, les gâteaux, les tartes aux noms croquans comme de la pâte chaude. Et l’alcool remplace la bière et supplante souvent le vin, le vin de Bourgogne cher aux caves notariales. Les plaisanteries qu’il suggère font lever des idées dangereuses.


III

Quelles que soient les diversités résultant du sol, de la race et des mœurs, une activité matérielle et intelligente ne cesse pas de sourdre sous les aspects régionaux de la vie commune. Un peuple n’a pas été impunément associé, depuis des siècles, à un travail continu. On dit que la vie est facile en Belgique, que nos provinces, malgré leurs vicissitudes politiques, ont un passé heureux et que c’est une grande erreur de parler, à notre propos, de dominations étrangères. J’en suis convaincu. Mais je crois aussi que le grand stimulant à notre vitalité, il faut le voir dans notre désir de vivre et par conséquent de travailler. Un principe foncier a été déposé par la Providence au cœur de nos deux races ; secondé par le climat, par la terre, par l’histoire du monde, il a produit les fruits heureux de notre prospérité matérielle et morale ; il s’épanouit, entouré de ces fruits, dans notre jeune conscience nationale.

Si nous caractérisons maintenant cette activité commune, si nous la confrontons avec l’histoire de notre pays, nous connaitrons les bases de notre association nationale. Celle-ci est bien antérieure à notre indépendance politique. Le royaume de Belgique est, sans doute, une création des puissances qui l’ont voulu neutre et qui ont déterminé, non sans arbitraire, la fiction de ses frontières. Mais la véritable raison de notre autonomie, la raison foncière, la raison imprescriptible désormais réside dans la valeur séculaire d’un effort commun ; ainsi que l’atteste notre devise, l’union fait sa force.

Il faut remonter bien plus haut que la conférence de Londres, à l’origine de l’histoire moderne, au démembrement de l’empire de Charlemagne, au IXe siècle, pour trouver les sources de notre raison d’être. En effet, quand, comme l’écrit notre grand historien national M. Henri Pirenne, à qui j’emprunte