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que fit Mons’ d’Orléans, lui estant prisonnier en Angleterre, auquel il y a dedans contenu plusieurs ballades et rondeaux envoiez a madame sa femme. » Madame d’Orléans vivait retirée en Armagnac auprès de sa mère Bonne de Berry. Elle mourut entre 1430 et 1435, sans postérité. Certes, l’infortune du prince, éloigné de son pays et de ses amours,, nous touche, mais l’on s’étonne avec Gaston Paris qu’il n’ait pas adressé à Jeanne d’Arc martyre « le salut de la Poésie. »

La duchesse Isabelle de Bourgogne, femme de Philippe le Bon, réussit à le délivrer. Il l’en remercia galamment : « Madame, — lui dit-il, — vu ce que vous avez fait pour ma délivrance, je me rends votre prisonnier. » Rentré en France au mois de novembre 1440, il jura de prendre en mariage Marie de Clèves, nièce du Duc de Bourgogne. Le mariage fut célébré le 27 novembre à Saint-Omer. « Lourd de corps, » Charles avait tout près de quarante-six ans, sa jeune femme quatorze ans. De cette union naîtra en 1462 Louis XII.

L’espace nous manque pour suivre le prince dans ses tentatives de restauration féodale qui n’empêchèrent pas Charles VII de rester presque complètement maître du royaume. Si notre poète n’eut guère conscience de l’intérêt national, du moins, fidèle à la parole donnée au roi Henry VI, travailla-t-il efficacement à la paix anglaise.


En 1450, ayant renoncé aux voyages et aux affaires du pays, il se fixa à Blois. Ses revenus étant peu considérables, il vécut simplement dans le vieux château, entouré de personnes lettrées et de poètes quémandeurs, estimé de tous pour ses souffrances passées, ses aumônes et la noblesse de son caractère. Il mourut à Amboise, le 5 janvier 1465.

La Cour de Blois est au XVe siècle l’école des petits vers. Nonchalant, le Duc écrit moins volontiers des ballades difficiles à composer, vu la suite uniforme des rimes, le retour rigoureux du refrain. « Un joli refrain, — remarque M. Champion, — fait tout le charme facile des petits couplets du rondeau. C’était jadis une courte chanson, destinée à accompagner la ronde, c’est-à-dire la danse populaire, et qui continua d’être chantée dans les œuvres dramatiques du XIVe siècle. Avec Eustache Deschamps et Christine de Pisan, ces pièces passèrent dans le domaine de la poésie, prirent des formes multiples et assez compliquées... Charles d’Orléans les dota de la musique qui leur manquait