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MME DE STAËL ET M. NECKER
D’APRÈS LEUR CORRESPONDANCE INÉDITE

I
MADAME DE STAËL À COPPET
PENDANT LA RÉVOLUTION ET LE DIRECTOIRE

Parmi les documens les plus intéressans que contiennent les archives de Coppet et de Broglie figure assurément la correspondance échangée entre Mme de Staël et M. Necker[1]. Cette correspondance, si elle était complète, serait très volumineuse. Durant les quatorze années qui séparent la retraite de M. Necker à Coppet de sa mort, c’est-à-dire de 1790 à 1804, il ne laissait jamais passer un courrier sans écrire à sa fille, et Mme de Staël, bien qu’un peu moins régulière dans sa correspondance, ne demeurait guère en reste avec lui. Malheureusement, le plus grand nombre des lettres de Mme de Staël à son père ont été détruites. En 1798, une petite armée envoyée par le Directoire avait envahi le pays de Vaud. À cette date, M. Necker figurait encore sur la liste des émigrés. Il y avait été inscrit contre toute justice, car, Suisse de naissance, il n’avait fait qu’user d’un droit incontestable, lorsqu’il était revenu dans son pays natal.

  1. Après la mort du fils aîné de Mme de Staël, le baron Auguste de Staël, survenue en 1829, les lettres échangées entre Mme de Staël et M. Necker furent transférées au château de Broglie, propriété du duc de Broglie, gendre de Mme de Staël. En 1840, à la suite de nouveaux arrangemens de famille, les lettres de M. Necker furent retransférées à Coppet. Mais les lettres de Mme de Staël sont demeurées à Broglie.