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SAINT AUGUSTIN[1]

TROISIÈME PARTIE[2]


LE RETOUR


« Et ecce ibi es in corde eorum, in corde confitentium tibi, et projicientium se in te, et plorantium in sinu tuo, post vias suas difficiles...
Et voici, mon Dieu, que tu es là, dans leur cœur, dans le cœur de ceux qui te confessent leurs misères, qui se jettent entre tes bras et qui pleurent dans ton sein, après s’être égarés par les voies mauvaises. »
(Confessions, V, II.)


I. — LA VILLE D’OR

A peine arrivé à Rome, Augustin tomba malade : c’est vraisemblablement au mois d’août ou au commencement de septembre, avant la rentrée des cours, qu’il y arriva, c’est-à-dire à l’époque des fièvres et des chaleurs, alors que tous les Romains, qui pouvaient quitter la ville, s’enfuyaient vers les stations estivales de la côte.

Comme tous les grands centres cosmopolites de ce temps-là, Rome était malsaine. Les maladies de l’univers entier, apportées par l’afflux continuel des étrangers, y trouvaient, pour s’épanouir, un terrain propice. Aussi les habitans avaient-ils, comme nos contemporains, la phobie des contagions. On se sauvait prudemment des gens contaminés, qu’on abandonnait

  1. Copyright by Louis Bertrand, 1913.
  2. Voyez la Revue du 1er avril et 15 avril.