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entier. C’est à l’union ouvrière qu’est notre place d’anarchistes et là seulement. » Il ajoute : « Notre rôle à nous anarchistes, c’est d’être toujours aux côtés du prolétariat militant organisé dans les syndicats pour y propager nos méthodes d’action directe. » Ou encore : « Je le répète : il faut que les anarchistes aillent dans les unions ouvrières d’abord pour y faire de la propagande anarchiste, ensuite parce que c’est le seul moyen pour nous d’avoir à notre disposition des groupes capables de prendre en mains la direction de la production. » Une motion votée par 36 voix contre 6 porte : « Pour la réalisation de la grève générale, la pénétration des syndicats par l’idéal anarchique doit être considérée comme indispensable. »

Pour se rendre plus capables d’exercer cette action directrice, les anarchistes se préoccupent de fortifier leur organisation propre. M. Amédée Dunois dit au Congrès d’Amsterdam : « La propagande individuelle a donné des résultats fort appréciables jadis. Mais il faut bien avouer qu’il n’en est plus de même aujourd’hui. » Le même orateur ajoute : « Le syndicalisme, l’antimilitarisme ont pris chez nous la première place. » Et le congrès vote une motion où on lit : « Les anarchistes réunis à Amsterdam le 27 août 1907, considérant que les idées d’anarchie et d’organisation, loin d’être incompatibles, se complètent et s’éclairent l’une l’autre... que l’organisation des forces militantes assurerait à la propagande un essor nouveau et ne pourrait que hâter la pénétration dans la classe ouvrière des idées de fédéralisme et de révolution, sont d’avis que les camarades de tous les pays mettent à l’ordre du jour la création de groupes anarchistes et la fédération des groupes déjà créés. »

La création de ces groupes anarchistes commence immédiatement. C’est d’abord, en 1904, l’Association internationale antimilitariste ; puis la Fédération anarchiste qui, fondée en 1909, devient en 1912 la Fédération communiste révolutionnaire. Cette fédération, dans son congrès d’avril 1909, « recommande aux camarades ouvriers et fonctionnaires de participer au mouvement syndical et d’y soutenir seulement telles formes de l’action directe, — grève, boycottage, sabotage, antimilitarisme, antipatriotisme, — qui portent en elles-mêmes un caractère révolutionnaire, etc. » Elle a créé 54 groupemens et une revue mensuelle : le Mouvement anarchiste. Elle groupe également les jeunesses libertaires et adhère aux fédérations anar-