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soumis aux lois de l’Empire pour tout ce qui concerne « les relations étrangères, les questions militaires, les douanes, les postes et télégraphes, les taxes et impôts. » Le vali est l’agent et le délégué du pouvoir central ; mais en même temps il est le chef du pouvoir exécutif du vilayet et chargé de faire exécuter les décisions prises par le Conseil général. Celui-ci, composé de trente membres élus, quinze musulmans, quinze non musulmans, est le véritable organe du gouvernement ; il a « l’initiative de tous les actes et l’administration des affaires intérieures du vilayet ; » mais « il ne s’occupe pas de politique générale. » Ses délibérations sont exécutoires de plein droit ; l’opposition du vali est suspensive, mais « si le Conseil maintient sa délibération à la majorité des deux tiers des voix exprimées, elle devient définitive et inattaquable. » Une commission départementale siège dans l’intervalle des sessions. Les fonctionnaires, à l’exception de ceux qui relèvent directement du pouvoir central, sont choisis au concours parmi les habitans du vilayet. Des conseillers étrangers « ayant une parfaite connaissance de l’arabe, du turc, ou du français » sont désignés les uns par le gouvernement central, les autres par le Conseil général, et affectés aux différens services ; ils appartiennent « à telle nationalité que le gouvernement central désignera et revêtiront l’habillement distinctif ottoman. » Les municipalités sont autonomes. La langue arabe est la langue officielle du vilayet.

Tel est l’esprit du programme de Beyrouth ; il est fondé sur une large décentralisation ; étendu aux principales provinces, il aboutirait à la constitution d’une sorte d’Empire fédératif, où chaque nationalité aurait sa vie propre tout en restant liée aux autres par des liens très forts. Des conseillers étrangers seraient appelés à guider les premiers pas de ces administrations sans expérience. Ce système de gouvernement est en opposition flagrante avec les procédés centralisateurs et unificateurs des Jeunes-Turcs. On sait d’ailleurs que, par ordre du gouvernement, l’assemblée de Beyrouth a été dissoute, et plusieurs des membres de la commission d’organisation arrêtés. L’opinion des Syriens est qu’il ne faut pas chercher une formule unique de réformes, mais donner à chaque région un régime approprié à la culture et aux capacités de sa population. La Mésopotamie ne peut avoir le même régime