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visibles. Elles datent de la période comprise entre les XIVe et XVIe siècles.

Sainte-Anne est au nombre de cette suite d’églises faisant face au rempart. Elle remonte au commencement du XIVe siècle et, comme la précédente, appartient au gothique du midi de la France ; très gracieuse, extrêmement simple, elle se compose : « d’une nef de deux travées et d’un chœur à voûtes d’ogives, puis d’une travée droite de même largeur mais plus courte, et d’une abside à trois pans. » Un balcon, soutenu par des consoles, courait extérieurement au-dessus du porche couronné par un clocher arcade, d’un très joli effet.

L’intérieur est orné de peintures de style italo-byzantin d’époques diverses, du reste assez frustes.

Avant d’aller plus loin, je veux faire ici une remarque qui, tout en s’appliquant aux églises de Famagouste que nous visitons en ce moment, peut être étendue aux décorations peintes du monde entier.

Les peintures murales, pour bien des raisons, sont essentiellement périssables, même dans les climats secs. Dans les édifices religieux, par exemple, elles ont contre elles la poussière, les fumées des cierges, de l’encens. Leurs couleurs qui, en se fanant, pâlissent, sont, par ce fait même, la cause d’un rajeunissement. Enfin, et c’est le cas le plus fréquent et le plus grave, au cours des années, la façon d’interpréter les scènes religieuses s’étant modifiée, ces fresques, servant autrefois à l’instruction religieuse des fidèles (car elles avaient surtout ce but), ayant cessé de parler à leur cœur, à leur imagination, furent remplacées soit en totalité, soit partiellement, par de nouvelles peintures au goût du jour.

Chypre ne pouvait échappera la commune mauvaise fortune. A l’époque où l’argent fut abondant, on fit sans doute venir d’Italie ou on profita du passage dans l’ile, d’artistes de ce pays ; mais quand les fonds manquèrent, il fallut se contenter de peintres orientaux. De là, l’explication toute simple du mélange d’écoles, d’époques, que nous retrouvons à chaque pas en visitant les églises de Famagouste.

A quelques pas de Sainte-Anne se trouve une délicieuse petite abside, seul vestige d’une chapelle du XIVe siècle bien malheureusement disparue.

Un peu plus loin, il y a une autre église de dimensions modestes