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LES DIRIGEABLES DE GUERRE


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Plus que jamais, la question des aérostats dirigeables est à l'ordre du jour. Tout le monde dit, et c'est malheureusement exact, que, sous ce rapport, nous sommes très inférieurs à l'Allemagne ; c'est là une raison plus que suffisante pour justifier les pre'occupations de l'opinion publique. Qu'un incident sensationnel, peu important peut-être en lui-même, vienne à se produire, — comme l'atterrissage d'un Zeppelin sur le champ de manœuvre de Lunéville, — ces préoccupations prennent un caractère d'acuité spéciale, et deviennent presque de l'inquiétude.

Jusqu'à quel point cette inquiétude est-elle justifiée ? C'est ce que je voudrais examiner aujourd'hui.

Ce qui peut surprendre un observateur, je ne dirai pas averti, mais ayant seulement conservé le souvenir de ce qui se passe depuis quelques années, c'est le caractère intermittent de ces préocccupations. Il s'écoule des mois pendant lesquels on n'entend pas parler des dirigeables. Tout à coup, un cri d'alarme retentit brusquement ; on constate la supériorité de nos rivaux, on s'en émeut, des articles de journaux, des conférences, parfois des enquêtes parlementaires et extra-parlementaires, se multiplient ; puis, au bout de quelque temps, le silence se fait de nouveau sur la question, jusqu'à ce qu'une circonstance quelconque vienne réveiller l'attention publique.

En réalité, la question est posée depuis plusieurs années, et n'aurait jamais dû cesser de faire l'objet des préoccupations légitimes de l'opinion : si nous ne nous y intéressons que de