temps à autre, c'est là une des preuves de ce manque de suite
dans les idées qu'on reproche, quelquefois, à notre caractère
national.
J'ai déjà, ici même, à plusieurs reprises, traité la question des dirigeables militaires, notamment dans un article paru dans le numéro du 1er février 1912. Je demanderai au lecteur la permission d'en donner le résumé, et même d'en faire quelques citations ; car, depuis cette époque, la question n'a que très peu changé de face, et les principes directeurs qui doivent servir à la résoudre ne sont pas modifiés du tout.
Les trois qualités fondamentales d'un aéronef militaire sont la vitesse, l'altitude et le rayon d'action.
La vitesse est indispensable pour naviguer par tous les temps. Au point de vue militaire, elle permet d'imposer le combat aérien à l'adversaire ou de l'éviter à son gré, suivant qu'on se sent plus ou moins en force. C'est donc là un élément incontestable de succès.
L'altitude seule peut permettre à un aréonef d'échapper à l'infanterie ou à l'artillerie de l'ennemi ; elle forcera celui-ci à venir attaquer les aéronefs dans leur propre élément, en risquant de voir les siens détruits à la suite du combat aérien.
Le rayon d'action est nécessaire pour permettre d'effectuer des reconnaissances de grande étendue, sans avoir besoin de reprendre le contact du sol. Mais, tandis que la vitesse et l'altitude sont utiles à peu près au même degré à tous les aéronefs militaires, le rayon d'action varie suivant le but à atteindre. Pour les grandes reconnaissances stratégiques, c'est à 600, 800, ou 1000 kilomètres qu'il faut l'évaluer, tandis que, pour les besoins de la tactique, 300 kilomètres suffisent largement, et, que, dans bien des cas, on peut se contenter de beaucoup moins. Des reconnaissances de 100 kilomètres aller, et retour, peuvent être fréquemment très utiles.
La question est de savoir si ces différens besoins militaires peuvent être satisfaits au moyen des dirigeables ou des aréoplanes. Si ces deux sortes de navires aériens possédaient au même degré les trois qualités requises, il n'y aurait pas à hésiter un