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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




Le vœu que nous exprimions il y a quinze jours a été réalisé : la Bulgarie, ne trouvant pas en dehors d’elle les concours, ou plutôt les secours qu’elle avait espérés, a pris le bon parti de négocier directement avec la Porte. Depuis quelque temps déjà, un de ses hommes politiques les plus distingués, M. Natchevitch, était dans la capitale ottomane et, bien qu’on ait beaucoup dit qu’il n’avait pas de mandat précis, il a certainement préparé les voies à la négociation qui commence. M. Natchevitch a toujours été partisan d’une entente entre son pays et la Turquie ; si cela avait dépendu de lui seul, la rupture ne se serait pas produite et on n’en serait pas réduit, soit d’un côté, soit de l’autre, à relever des ruines. Mais le principal négociateur bulgare n’est pas M. Natchevitch, c’est le général Savof. Ce choix a surpris. On affirme même qu’il n’a pas, au premier moment, produit une bonne impression à Constantinople. Le gouvernement ottoman a confié à Talaat bey, ministre de l’Intérieur, la présidence de la conférence. La situation est telle et les obligations qui en résultent sont si fortes que le choix des négociateurs n’a peut-être pas une grande importance. Au surplus, derrière eux, il y a leurs gouvernemens qui savent l’un et l’autre jusqu’où ils sont décidés à aller.

Ils le savent, mais nous l’ignorons, et il est trop tôt pour qu’on puisse avec quelque sécurité émettre des pronostics sur le résultat de la conférence. Les bruits qui viennent de Constantinople sont contradictoires ; ils sont mêlés dans des proportions presque égales d’optimisme et de pessimisme ; cependant, le premier de ces sentimens l’emporte, et on croit généralement que l’accord se fera, peut-être même assez vite, parce qu’on a de part et d’autre intérêt à le faire et que la situation actuelle, incertaine, indéterminée, ne peut pas se