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DE L’HISTOIRE
ET
DES HISTORIENS

III[1]
LES HISTORIENS LATINS

S’il était nécessaire d’établir que les grands sujets suscitent les grands écrivains, il suffirait de considérer les œuvres des quatre célèbres historiens latins, César, Salluste, Tite-Live et Tacite.

Rome avait eu ses annalistes et même, parmi eux, des hommes de haute valeur, Fabius Pictor, Caton (qui avait écrit un traité des Origines romaines), Calpurnius Pison ; nous ne pouvons juger leurs œuvres qui ont péri : mais il nous est permis de penser, avec les anciens eux-mêmes, qu’au moment où Rome touchait à son apogée, ces ouvrages paraissaient « insuffisans et vieillis. » (Velleius Paterculus.) En effet, à l’époque où ils avaient été écrits, on ne pouvait saisir les ensembles et embrasser, d’un seul coup d’œil, l’édifice encore inachevé de la grandeur romaine.

C’est seulement quand l’œuvre eut toutes ses proportions qu’on put apprécier la mesure à laquelle il fallait la prendre. Tant que la conquête romaine se borne à l’Italie, avant qu’elle eût débordé sur l’Univers, le développement intérieur et extérieur de la Cité est, pour ainsi dire, municipal. L’histoire

  1. Voyez la Revue des 15 septembre et 1er octobre.