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Page:Revue des Deux Mondes - 1913 - tome 17.djvu/827

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nouveautés de Bursley. Elle n’a aucun goût pour leur commerce, et comme elle est une brillante élève de son école, elle songerait plutôt à l’enseignement. Mais des circonstances particulières la rejettent à la boutique, d’où elle s’évade un jour avec un commis voyageur. Elle a causé par une négligence la mort de son père ; une fois partie du foyer, elle n’y reparaîtra plus, et sa mère mourra sans l’avoir revue.

Constance, la sœur de Sophia, est une fille plus sérieuse et plus calme. Mais comme elle cache bien son jeu, laissant ignorer à sa mère ses sentimens et ses desseins ! Nous ne savions rien ni des uns, ni des autres, en dehors de ce que quelques indices habilement ménagés par le romancier nous avaient permis d’en deviner, quand nous entendons Samuel Povey, le principal employé de la maison, demander à Mrs Baines, si elle est disposée à les laisser se marier comme ils le désirent et comme ils en sont convenus. La douce Constance, dans tout cela, n’a pas plus pensé à sa mère que si elle n’existait pas. Elle ne se contente pas de régler sans elle ses affaires de cœur : elle a pris son parti avec autant de désinvolture que si les intérêts de la maison n’étaient pas en jeu. Convient-il à Mrs Baines que son employé devienne son gendre et du même coup le maître dans son magasin ? En vérité, voilà à quoi Constance ne s’est guère avisée de songer. Et après le mariage, ils modifieront, selon leur conception propre, les habitudes et les méthodes commerciales. Sans doute, celles-ci ne sauraient rester indéfiniment les mêmes, lorsque tout change, les conditions du commerce, le goût des acheteurs, la concurrence. Mais le résultat le plus certain pour la pauvre Mrs Baines, c’est qu’elle est victime de cette loi même du changement, qui la rejette dans le passé avec tout ce qui fut sa vie, et lui oppose les brutalités du présent jusque dans ses propres enfans.

Elle n’ignore pourtant pas ses devoirs, ni ne les néglige, cette Constance Povey, et elle n’est point dépourvue de tendresse ; mais elle suit la loi de la vie. Et la voici mère à son tour. Voici qu’elle se penche sur Cyril, comme jadis sa mère s’est penchée sur elle, et elle regardera moins que jamais en arrière, maintenant que ses yeux surveillent l’avenir. Mrs Baines, aussi bien, s’est éloignée ; elle a laissé la maison au jeune ménage ; elle est allée vivre avec sa sœur. : Et quand un télégramme vient annoncer sa mort, Constance, à cette minute précise, était bouleversée