Page:Revue des Deux Mondes - 1913 - tome 18.djvu/273

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dont je crois vous avoir déjà parlé : Une station à la Sorbonne et Entretiens sur l’Église. Le dernier ouvrage en deux volumes est capital. Je vous assure que je n’en connais pas de meilleur, soit pour confirmer les chrétiens dans leur foi, soit pour éclairer et ramener les incrédules honnêtes, mais ignorans ou prévenus. Ou je me trompe fort, ou vous en serez charmée comme moi. Nous avons maintenant un nouveau prédicateur carme, le Père Hyacinthe, qui a débuté l’année dernière à la Madeleine, et qui a prêché l’Avent à Notre-Dame. Il a obtenu le plus grand et le plus légitime succès. Toutes les fois que je l’ai entendu, il m’a satisfait et touché. Il est encore bien loin du Père Lacordaire, mais il marche sur ses traces. Il n’a que trente-six ans ; il est venu passer quelques jours ici l’automne dernier ; il m’écrit souvent. Il est doux, modeste et sensé. J’ai aussi eu la visite annuelle de notre admirable évêque d’Orléans et j’ai fait avec lui le pèlerinage de la Pierre qui vire, dont je vous ai parlé. Donnez-moi des nouvelles : 1° de votre santé, 2° de vos relations et de vos occupations à Vienne. Je ne sais trop ce que je ferai cet été. J’ai envie d’aller en Amérique, car j’aime ce peuple qui se bat si bien des deux côtés, et où il n’y a ni César, ni Césariens. Mandez-moi quels sont vos projets, s’il y a des chances de vous rencontrer sur le Rhin ou ailleurs. Ne manquez pas de m’adresser un de vos amis et compatriotes qui viendront à Paris afin que je puisse leur parler de vous. Adieu, très chère, je crois tout à fait, comme vous me le dites, que vous êtes une très fidèle amie et je vous le prouve par ma confiance peut-être trop indiscrète.


Paris, ce 6 juin 1865.

« Miltosâgos Grofné, « ayez pitié de votre humble serviteur et pardonnez-lui bien vite ses péchés, ou plutôt son péché envers vous, car je ne puis en confesser qu’un seul dans mes relations avec vous, celui de ne pas vous répondre aussi promptement, aussi exactement que je le devrais et que je le voudrais. Il est vrai que vous me donnez quelquefois l’exemple de ces retards ; mais vous réparez si généreusement votre faute involontaire que vous ne me laissez d’autre ressource en cela, comme en tout, que de me reconnaître votre inférieur. Malgré l’inaction et l’obscurité où ma vie est tombée, en comparaison de ce qu’elle était il y a quinze ans, je me sens encore très surchargé, surtout