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d’imposer silence à Boyer et de le punir. Boyer s’élance vers lui : des citoyens le maintiennent ; et Mérilhou, le maire, appelle la garde. Waurillon de la Bermondie, là-dessus, déclare « qu’il est d’un insolent de crier à la garde et de la faire courir la baïonnette en avant sur un citoyen qui lisoit une loi par ordre du président, que c’étoit manquer à l’assemblée et enfreindre la loi, puisque la garde ne devoit être requise que par le président et introduite dans l’assemblée que de son consentement exprès. » Cependant la garde, appelée par Mérilhou, fonce (dit Waurillon de la Bermondie) sur ledit Waurillon, qui est frappé de coups dé poing, de pied et de crosse de fusil. Il se sauve. Ses adversaires le poursuivent, assure-t-il, pour l’égorger. Il arrive devant la porte de l’escalier qui mène à la tribune des pénitens ; il entre et ferme la porte derrière lui. Il la ferme trop vite, de sorte qu’il est pris, le malheureux, par le pan de son habit. Cela donne à ses ennemis le temps de l’atteindre. Ils lui mettent la main à la gorge. Et lui, de crier à l’assassin. Grand tumulte, s’il faut l’en croire. Les gens sortent de l’église, où ils étaient pour l’office. Ou sonne le tocsin. Les gardes lâchent Waurillon et le laissent partir, dès qu’ils voient la foule approcher... « Ce fait prouve, remarque-t-il. Un dessein prémédité de la part de quelques intrigans. » Il ajoute : « La justice ne sauroit trop sévir contre de pareils forfaits et réprimer les coupables. »

Même si Waurillon de la Berrmondie exagère volontiers sur quelques points, il n’invente pas tout. Et il reste au moins que l’élection de Joubert fut, à Montignac, l’occasion d’un assez violent désordre. On l’imagine, lui, à Paris, recevant ces nouvelles, — et ne se pressant pas d’arriver.

Borredon le vaincu et ses partisans, Pebeyre fils, Dourssat, La Bermondie et d’autres, n’abandonnèrent pas la partie. Ils adressèrent une réclamation aux administrateurs du département de la Dordogne. Ils posaient en principe que « l’observation des lois » est « le plus solide appui de l’État » et que « nul ne doit se permettre de s’en écarter. » Ils affirmaient que « les décrets sur l’éligibilité aux places de juges de paix sont clairs. » Et « cependant, messieurs, la ville de Montignac s’est manifestement écartée de ces principes sacrés, dans le choix qu’elle a fait d’un certain Joubert pour son juge de paix... Vous sçavés assés, messieurs, que sur ce rapport le sieur Joubert n’est pas