Page:Revue des Deux Mondes - 1913 - tome 18.djvu/369

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Sarlat, François Lavech des Fauries, comme un citoyen dangereux[1], Il le désignait, avec le « petit despote » Élie Lacoste, médecin, et quelques autres particuliers, comme jaloux d’» opprimer le peuple. » Et ce Waurillon de la Bermondie a l’air un peu fou. Sa plainte, où il y a certainement des exagérations et probablement des calomnies, contient aussi des élémens de vérité : elle montre fort bien Montignac en proie à la politique.

Boyer, « glorieux d’avoir fait un maire à sa fantaisie, » résolut de faire aussi un juge de paix. Et, pour « faire tomber les suffrages sur un certain Joubert, » il envoya (dit Waurillon de la Bermondie), quelques jours avant le scrutin, « des émissaires dans les maisons pour accaparer tous les suffrages qu’il pourroit. » Voyant que cette manœuvre ne suffirait pas, il « tenta d’éloigner les citoyens actifs et timides en faisant dire par un certain Jean Degain... que, si le sieur Joubert n’étoit pas nommé ou, ce qui revient au même, que, si le sieur Borredon étoit nommé, il y auroit la moitié de la ville de décapitée. » Puis un certain Martin, tambour municipal, fut chargé d’annoncer que « ceux qui ne voudroient pas ledit Joubert, il faudroit les saigner. »

Joubert fut élu ; et son élection, « généralement applaudie[2]. » Il y eut même de l’enthousiasme. Il y eut aussi du mécontentement. Borredon, le candidat malheureux, avait ses partisans, qui n’acceptaient pas volontiers sa défaite. Des protestations furent formulées et signées.

Le 1er décembre, à l’assemblée qui se tenait dans la chapelle des Pénitens, Borredon le déconfit donna lecture de ces protestations. Il lut aussi le texte des lois du 28 mai et du 1er juin 1790, qui prescrivaient le serment individuel des électeurs : or, on avait négligé cette formalité. Le sieur Pommarel, président de l’assemblée, dut insérer au procès-verbal cette omission. Waurillon de la Bermondie était dans l’affaire. Le président le pria de relire à haute voix les décrets. Waurillon de la Bermondie, pour ce, tire le livre de sa poche. Alors Boyer, « d’un ton furieux, » crie « qu’on ne doit pas ajouter foi à ces décrets ni au porteur. » Le porteur (c’est Waurillon) somme le président

  1. Archives de la Dordogne, B. 1599, pièce 7. Le document est du 11 janvier 1791.
  2. Archives de la Dordogne, L1, fol. 142 V°.