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assez vaguement. Mais, le 4 janvier 1791, la Société changea de nom, s’appela Société des Amis de la Constitution et prétendit être, comme telle, reconnue par la municipalité. Celle-ci accorda ce qu’on lui demandait, l’accorda sans plaisir et, — disait-elle, posant ainsi ses conditions, — « dans l’espérance que les personnes bien nées qui composeront cette assemblée garderont toutes les règles de la modération et qu’elles n’entreprendront rien d’une certaine conséquence sans la participation de la municipalité. » Deux pouvoirs étaient dressés l’un en face de l’autre.

Dès son arrivée à Montignac, Joubert fut invité à entrer dans la Société des Amis de la Constitution : les registres portent sa signature.

Le 2 avril, Mirabeau mourut. Le 8 avril, la municipalité ordonna qu’un service de deuil fût célébré, le 12, dans l’église Saint-Pierre ; et tous les citoyens porteraient le deuil pendant trois jours. L’instituteur, — un tiède, — interdit à ses écoliers de prendre part à cette manifestation : la municipalité arrêta que l’école serait fermée le 12 et que l’instituteur avec ses écoliers assisterait au service funèbre, afin « de donner aux jeunes gens l’exemple du patriotisme et de la religion. » Les Amis de la Constitution résolurent de faire mieux encore. Ils ouvrirent une souscription en vue d’élever, à Montignac, une pyramide en l’honneur de Mirabeau. M. Joubert, juge de paix, figure, sur la liste de souscription, pour six livres. Il y aurait péril à conclure de là que Joubert fût un grand admirateur de Mirabeau ; mais il cédait au sentiment général. D’ailleurs, on connut les papiers dits de l’armoire de fer, qui détruisaient la renommée civique de Mirabeau : et l’idée de la pyramide fut abandonnée. Mais avant cela, que de discours !

Au mois de septembre, une loi ôta aux sociétés populaires toute efficacité politique. Les Amis ne se réunirent plus que pour lire les papiers publics et commenter inutilement les nouvelles. Ils ne reprirent leur puissance qu’à la fin de l’année 1793, quand Joubert avait quitté Montignac depuis longtemps.

Joubert dut assister à bien des séances du conseil général. Sa signature est sur les registres : le 25 mars 1791, quand il s’agit d’acheter pour la commune des biens nationaux, notamment l’église des Cordeliers ; le 12 juin 1792, quand il s’agit d’établir un collège à Brive ; le 29, quand il s’agit de fixer le traitement