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assidue et publique et approuvée par la mère de Clédat. » Joubert écrit et signe. Une insupportable mégère, c’est la veuve L’Été. Oranger, — l’un des nombreux Granger de Montignac, celui-ci procureur de la commune, — avait à bail une maison qu’il sous-loua à la veuve L’Eté. Mais, à l’expiration du bail de Granger, la veuve ne déménage pas. Elle dit qu’elle rendra les clés d’un jour à l’autre : elle ne les rend pas. Granger l’assigne. Elle ne bouge pas. Joubert lui donne vingt-quatre heures pour décamper, « à peine d’y être contrainte par éjection de ses meubles. »

Et puis, nous retrouvons Léonarde Bray, cette Léonarde que Pierre Marfonds avait calomniée. Au mois de mars 1791, Joubert a cru les réconcilier. Pas du tout ! Un an plus tard, querelles nouvelles. Marfonds réclame à Léonarde cent francs qu’elle lui doit peut-être. Et voici toute une petite scène de village. Plusieurs témoins. Du monde. Soudain, Queyroy, le greffier, s’en va. L’audience est interrompue. Aura-t-on dérangé ces gens inutilement ? Joubert consulte son code. Il prend la plume ; il écrit : « Et en cet endroit de l’audition, une cause légitime ayant éloigné notre greffier, et son absence pouvant être contraire aux parties pour la perte de leur temps. et celui des témoins si l’audition était remise à un autre jour, nous juge de paix avons rempli les fonctions du greffier absent selon qu’il est permis aux juges de paix, par décision du comité relatée à la page 58 du Code de paix. » On entend le témoin Pierre de Bière. Environ trois semaines avant le carnaval, il descendait le chemin du château pour se rendre à la grande place. Il entendit Marfonds demander de l’argent à Léonarde, qui répondit : — « Ne fais pas tant de bruit pour cent francs que je te dois. Je les ai employés en marchandises ; je te les remettrai. » Joubert insiste. Il faut que le témoin précise toutes les circonstances d’heure et de lieu : c’était auprès du jardin de Marfonds, vers onze heures, pas un dimanche, un jour ouvrable. Et il ne sait pas autre chose. Deuxième témoin : Jacques Martin. Mais Léonarde le récuse comme « suspect de subornation. » Il y a deux semaines, elle l’a rencontré. Il était ivre ; il lui a dit : — « Écoute, Léonarde. J’ai entendu parler, de toi aujourd’hui, et il s’agit pour toi d’une affaire de grande conséquence.... » On voulait. lui faire dire que Marfonds avait prêté de l’argent à Léonarde. Mais : — « Pour rien au monde, je ne le dirai, »