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REVUE DRAMATIQUE


Vaudeville : Le Phalène, pièce en quatre actes, de M. Henry Bataille. — Comédie-Marigny : Les Anges gardiens, comédie en quatre actes, tirée du roman de M. Marcel Prévost par MM. J. José Frappa et Dupuy-Mazuel. — Renaissance : L’Occident, pièce en trois actes de M. Henry Kistemaeckers. — Théâtre-Antoine : Le Procureur Hallers, pièce en quatre actes, d’après Paul Lindau, par MM. H. de Gorsse et Louis Forest.


Le Phalène est d’abord une faute de français : on dit une phalène. Le genre des mots n’est pas laissé au bon plaisir de chacun. Et, par exemple, il y a des personnes qui disent une chrysanthème ; mais elles disent mal... C’est ensuite une faute de goût. L’éréthisme sensuel d’une phtisique est un cas dont on peut disserter entre médecins, mais qu’il faut avoir soin de ne pas mettre à la scène. Ce qui convient à la clinique est moins bien placé au théâtre. La presse l’a rappelé à M. Bataille, non sans rudesse, et elle lui a vivement reproché ce que le sujet de sa nouvelle pièce a d’exceptionnel et de choquant. M. Bataille n’en a probablement rien su, puisque, comme il le déclarait dans une lettre récente, il ne lit pas les comptes rendus des journaux. Sans cela, il se serait justement étonné de cette sévérité soudaine. En quoi le sujet du Phalène, — puisque le Phalène il y a, — est-il plus exceptionnel et en quoi plus choquant que celui de l’Enchantement où l’héroïne est une petite hystérique, que celui de Maman Colibri où une matrone débauche un collégien, que celui de l’Enfant de l’amour où on nous traîne dans les bas-fonds d’un monde interlope ? M. Bataille n’a ni changé, ni aggravé sa manière. Il est resté l’homme du même théâtre, où il a été longuement encouragé par les éloges de toute la presse, tandis que nous étions à peu près seul à en signaler la préciosité brutale et la déliquescence.

Mais ce que le Phalène est par-dessus tout, c’est un accès de romantisme