Page:Revue des Deux Mondes - 1913 - tome 18.djvu/479

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

trouvé des difficultés dans l’accomplissement de son œuvre, c’était sa faute ; elle a relevé en effet certaines manières de procéder de cette Commission qui, si elles n’avaient pas consciemment pour objet, devaient avoir fatalement pour effet de provoquer autour d’elle une irritation qui lui rendrait l’accomplissement de sa tâche plus malaisé et en retarderait la conclusion. Tels sont les faits, nous ne les commentons pas : que, sur quelques points, l’irritation des populations helléniques se soit manifestée contre la Commission, c’est possible ; mais que la Commission, ou du moins quelques-uns de ses membres, aient paru s’appliquer à provoquer et à entretenir cette irritation, c’est certain. Laissons, pour le moment, la Commission et les populations helléniques en présence pour envisager le côté européen du problème.

Jusqu’à présent, toutes les résolutions et tous les actes des six grandes Puissances avaient été préparés, arrêtés, convenus à Londres dans la Conférence des ambassadeurs, qui leur servait à toutes en quelque sorte de régulateur : nous avons eu, à maintes reprises, l’occasion de montrer combien cette action commune avait été utile au maintien de la paix. Il a fallu pour cela se faire des concessions, dirons-nous réciproques ? le mot ne serait pas d’une absolue justesse, car toutes les concessions ont été faites à l’Autriche et à l’Italie, sans que l’Italie et l’Autriche en aient fait à personne. On a cru, dans l’intérêt de la paix, devoir leur montrer une condescendance que l’opinion a quelquefois désapprouvée, mais qui nous a paru justifiée, jusqu’ici, par les intérêts spéciaux des deux Puissances dans les Balkans. Quoi qu’il en soit, l’Autriche et l’Italie n’ont certainement pas eu à se plaindre de l’Europe ; comment donc se fait-il que tout d’un coup, après avoir sans doute prévenu l’Allemagne de leurs intentions, mais sans en avoir dit un mot aux autres Puissances, l’une ait adressé son ultimatum à la Serbie et que, le lendemain, toutes les deux aient fait la même démarche à Athènes ? Qu’il y ait eu là un manque de convenance à l’égard des Puissances de la Triple Entente, on ne saurait le contester. L’Autriche et l’Italie disent, il est vrai, qu’elles se sont bornées à assurer l’exécution des volontés de l’Europe ; mais l’Europe ne les avait pas chargées de ce soin ; elles n’avaient aucun droit de parler en son nom et d’ailleurs ne l’ont pas fait ; enfin ce n’est pas une allégation sérieuse que celle qui consiste à soutenir qu’il était inutile d’avoir un mandat particulier pour imposer à la Serbie et à la Grèce le respect des décisions de Londres. Il faut ici jouer franc jeu et accepter ouvertement la responsabihté de ses actes. Ceux de l’Autriche et de l’Italie signifient évidemment que les deux Puissances, estimant avoir