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SCÈNES DE LA PACIFICATION MAROCAINE

III[1]
UN POSTE FRONTIÈRE


Enfin seuls. — Un programme. — Les effets de l’intimidation. — La confiance naît. — Fondations d’un village : assistance médicale, plaisirs villageois et querelles de femmes. — Une coalition. — Entrée en campagne. — Justice sommaire. — La levée en masse. — Une surprise de douars. — La discorde chez les ennemis. — Une razzia. — La paix est assurée.


Les événemens semblèrent tout d’abord démentir l’optimisme d’Imbert. La sauvagerie du paysage exerçait une influence déprimante sur le moral des soldats. Quelques jours après l’inauguration du cimetière, au cours d’une querelle futile, un Sénégalais tuait un marsouin et se suicidait aussitôt. Puis, ce fut le tour d’une sentinelle qui reçut à bout portant, pendant la nuit, un coup de fusil mortel. Les tirailleurs en proie au béribéri, anémiés par les privations, supportaient mal les brusques changemens de température sur un plateau que le géodèse de la colonne plaçait à 800 mètres au-dessus de la mer. Les dissidens et leurs amis berbères, prompts à l’illusion, croyaient opportun de compléter par leurs fanfaronnades les effets de la maladie et du découragement. Ils avaient appris à narguer l’artillerie et, s’ils fuyaient les rencontres avec l’infanterie, ils ne se gênaient pas pour venir brûler leurs meules de paille ou vider leurs silos sous les vues du camp.

  1. Voyez la Revue du 1er octobre et du 1er novembre.