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Des nations qui naissent à peine à la vie moderne ont pour premier souci de nous emprunter notre système métrique, comme le Siam par exemple, qui, depuis l’an passé exclut tout autre système de mesure. Mais l’adhésion la plus retentissante est celle de l’immense Chine, dont le gouvernement vient de déposer devant le parlement un projet de loi dont voici l’article premier : « La République chinoise adopte comme seul système de poids et mesures le système métrique décimal. »


LES PAYS ANGLO-SAXONS ET LE SYSTÈME MÉTRIQUE

La situation, à cet égard, de l’Empire Britannique présente une importance et un intérêt de premier ordre et mérite qu’on l’examine à part. Un premier fait caractéristique doit être d’abord rappelé : en Grande-Bretagne, comme aux États-Unis, comme en Russie et dans tous les pays où le système métrique n’est cependant pas obligatoire, les hommes de science, dans leurs mémoires et leurs publications, n’emploient jamais d’autre système de mesure que le système métrique et rien ne prouve mieux la force intelligente que celui-ci porte en lui. Malgré tout, les pays anglo-saxons se sont refusés jusqu’ici à rendre obligatoire l’usage du système. Les États-Unis et l’Angleterre représentent dans le monde un groupement industriel et commercial formidable, et c’est précisément dans la nécessité de conserver à cet égard leur puissance que les adversaires du système métrique ont cru pouvoir puiser leurs principaux argumens. Nous allons voir ce qu’il en faut penser, en laissant de côté tout ce qui, dans cette résistance, est pur traditionalisme et conservatisme théorique.

Dans la dernière discussion qui a eu lieu à la Chambre des Communes sur ce sujet, un membre du Parlement a formulé un des principaux argumens antimétriques en soutenant que l’adoption des unités métriques coûterait aux seuls ingénieurs et industriels anglais une somme de cent millions de livres, c’est-à-dire 2 milliards et demi de francs. Or il est évident qu’une pareille évaluation ne pourrait être exacte que si l’emploi du système métrique obligeait du jour au lendemain à remplacer toutes les machines dont les dimensions ne seraient pas exprimées par des nombres simples en fonction de ses unités. Tel n’est nullement le cas, comme le prouve l’expérience faite par les autres pays industriels, lorsqu’ils ont introduit obligatoirement le nouveau système. En fait, pendant une première étape de la réforme, on se contente, sans rien changer aux machines, d’en