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REVUE MUSICALE

VIEILLE MUSIQUE ESPAGNOLE


Le mysticisme musical espagnol au XVIe siècle, par M. Henri Collet, docteur ès lettres, agrégé de l’Université, ancien membre de l’École Française d’Espagne. — Paris, Félix Alcan, 1913.


L’idée, ou l’intention, de ce livre est excellente, et l’intérêt en est divers. Premièrement, et ce n’en est pas le caractère le moins significatif, la publication d’un ouvrage semblable montre assez quelle place, toujours accrue, la musique prend aujourd’hui non seulement dans le goût et parmi les plaisirs, mais dans l’estime et parmi les travaux de nos contemporains. Qui donc, il y a seulement vingt ou trente années, se fût soucié de la musique du XVIe siècle en général, en particulier de la musique espagnole, et d’un Victoria ? Qui surtout se serait avisé d’aller chercher dans la musique le témoignage ou l’interprétation, l’un sérieux et l’autre fidèle, d’une époque de l’histoire ou du génie d’une race ! Un illustre critique littéraire, et rien que littéraire, nous disait alors, non sans ironie : « La musique ! D’abord, je ne la comprends pas. Ensuite, je ne l’aime pas. Et cependant, je me ferais fort, si je le voulais, de la réduire à deux ou trois idées générales. » Assurément il se vantait. Aussi bien, et pour cause, pour plusieurs causes, dont l’une était sans doute le mépris, il ne l’a jamais voulu. Que les temps sont changés ! On a fini. — et cet « on, » c’est tout ce monde, — par reconnaître et par honorer dans la musique une manifestation non moins éminente que les autres arts et que la poésie elle-même, de la sensibilité, voire de l’intelligence. Personne ou presque personne aujourd’hui ne se refuserait à mettre un Bach, un