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de l’église, évaluée à 6 300 francs par les architectes. Mais la municipalité, qui voyait là une bonne occasion de se faire de l’argent, exigea qu’on lui remît en outre une prime de 5 000 francs. Cinq mille francs, c’est une somme ! C’est en outre une véritable tentative d’extorsion de fonds. Les catholiques s’y résignèrent, mais ils ne pouvaient offrir que 2 000 francs : la municipalité n’a rien voulu rabattre. L’église de Bruc-Auriac demeurera fermée, comme l’est, à côté, l’église du village de Seillans, qui ne fut rouverte qu’un jour depuis 1907 pour en faire sortir les fonts baptismaux, que la municipalité voulait transformer en auge à cochons, (Exclamations à droite et au centre. — Mouvemens divers.)

M. LE PRÉSIDENT DU CONSEIL. — Voulez-vous me permettre de vous donner un renseignement sur la situation de cette ancienne église ?

Vous avez dit, monsieur Barrès, qu’elle avait été désaffectée par un décret illégal en ce qu’il n’avait pas été pris en Conseil d’État. Mais pour vous prononcer ainsi, vous ignorez certainement que ce décret s’appliquait à une église fermée antérieurement à la loi de séparation, qui ne servait plus à l’exercice du culte depuis 1898, date à laquelle l’accès en avait été interdit par mesure de sécurité publique. Le décret de désaffectation a donc été pris conformément aux prescriptions de la loi de 1905.

Je vous devais ces explications, parce que la façon dont vous parlez de cette désaffectation tendrait à faire croire que cette ancienne église était ouverte au culte, que, sans raison légitime, on l’a désaffectée par un décret illégal, et qu’ainsi une œuvre de sectarisme a pu s’accomplir. Eh bien ! non, il n’y a eu ni acte illégal, ni œuvre sectaire. Je tiens à répéter que depuis 1898 l’édifice dont il s’agit ne servait plus au culte, et que l’accès avait dû en être interdit, depuis cette date lointaine, pour sauvegarder la sécurité publique. (Très bien ! Très bien ! à gauche.)

M. MAURICE BARRÈS. — Le décret de désaffectation a été pris le 22 juin 1908 et c’est toutes ces années-ci que les catholiques voulaient utiliser leur église. Approuvez-vous des municipalités qui prétendent que les fidèles, pour avoir le droit de dépenser leur argent dans l’église, auront tout d’abord à verser une prime ? Non. Eh bien ! cela prouve que la situation de nos églises est incertaine et dangereuse. On pourra épiloguer sur