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où les Sakalaves et les Fahavalos enferment leurs fétiches : « Les églises intéressantes au point de vue artistique sont classées. Les autres n’intéressent que les pratiquans. C’est à eux de prendre des mesures... »

Et pour encourager leur zèle, à la façon des planteurs de jadis qui faisaient marcher les nègres sous le bâton, il menaça les catholiques. Il rappela avec orgueil avoir jadis demandé qu’on retirât aux fidèles l’usage de toute église mal entretenue par eux, et déclara qu’on n’inventerait pas mieux. D’ailleurs l’idée qu’une commune osât jamais dépenser un sou pour l’entretien de son église lui faisait horreur. « La loi de Séparation interdit que les fonds publics soient affectés à subventionner des œuvres confessionnelles. Alors même que la majorité des habitans seraient catholiques, une commune ne peut pas, d’après l’esprit de la loi de Séparation, consacrer ses fonds à la réparation de l’église. »

C’était attaquer directement Briand qui, lui, enjoint à ses préfets d’autoriser les communes à réparer leurs églises.

M. Malvy, rapporteur du budget de l’Intérieur, celui-là même qui, par la suite, devait renverser le ministère sur une question religieuse, prit à son tour la parole. Plus amer, plus glacial, plus pressant, il renchérit sur M. Augagneur. « Il n’est pas douteux, dit-il, que l’obligation d’assurer à leurs frais la conservation des édifices laissés gratuitement à leur disposition subsiste pour les catholiques, alors même qu’ils ne sont pas organisés. » La gauche l’applaudit, et M. Briand voyant le danger s’écria de sa place :

— C’est évident.

Approbation extraordinaire d’un homme trop faible, ou peut-être d’un cavalier consommé qui rend les mains quand la bête s’échauffe.

Tout l’effort de M. Malvy était de passionner la séance, et de mener la Chambre si loin que le ministre ne put la suivre. Dans un débat que j’avais placé en dehors de la politique des partis, il attisa la rancune électorale jusqu’à conclure en disant : « Le problème des réparations des églises serait bien simplifié... si les catholiques tellement résolus et actifs pour former des associations ayant un but politique et de propagande anti-républicaine (Applaudissemens à gauche et à l’extrême gauche) étaient aussi actifs et aussi résolus pour créer des associations