Page:Revue des Deux Mondes - 1913 - tome 18.djvu/789

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

C’était piétiner dans le système des cultuelles, qu’il savait mieux que personne décidément impossible ; c’était mettre en avant une procédure des offres de concours qui est inopérante ; c’était revenir en arrière et quasi renier le principe admis par lui-même jadis, solennellement, à plusieurs reprises, d’une coopération de l’État à l’entretien des églises non classées et trop pauvres ?

Ce dernier point, je crus essentiel de le mettre en lumière, et je remontai à la tribune.

M. MAURICE BARRÈS. — Messieurs, il y a peu, au cours d’une discussion, j’ai été frappé par une phrase que prononçait M. le président du Conseil et qui ferait une excellente épigraphe en tête de mon plaidoyer pour les églises. « Il n’est pas nécessaire, disait M. Briand, que des cas soient devenus généraux, universels pour intéresser l’homme politique. Il faut intervenir à temps. » Hier, je n’ai pas dit que les désastres fussent partout imminens, ni le sectarisme virulent sur tous les points du territoire ; j’ai affirmé que le péril existait, réclamait les efforts de notre prévoyance, et je vous ai apporté, à titre d’échantillons, un certain nombre de faits soigneusement contrôlés, des faits typiques.

Vous les discutez. Je m’y attendais. Le distingué secrétaire général de la présidence nous rendrait un grand service s’il essayait de fixer, une fois pour toutes, les conditions dans lesquelles peut s’établir une certitude aux yeux du Parlement (Très bien ! très bien !) Chaque fois qu’on apporte un fait à la tribune, il est contesté, et toujours de la même manière : l’orateur affirme ; en face de lui, quelqu’un se lève et nie ; sur ce, avec les ressources de dialectique qu’ils possèdent, l’un et l’autre contradicteurs argumentent. (On rit.)

Je vous ai cité le propos d’un sous-préfet, propos auquel j’attache une certaine importance, mais enfin pas une importance capitale. On m’a demandé si je pouvais produire ce propos écrit, signé de la main du sous-préfet. Mon Dieu, non ! Mais, en critique historique, on fait cas du témoignage oral, on le pèse, c’est entendu, mais on lui donne un rang. Les personnes qui ont été reçues par le sous-préfet affirment avoir entendu ce propos. Après cela, jugez. Au reste, le problème déborde la discussion de quelques faits significatifs et que je maintiens. Personne ne nie qu’il n’y ait une question des églises.