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Page:Revue des Deux Mondes - 1913 - tome 18.djvu/801

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respectueux. Elle a eu le bonheur de passer les derniers jours de sa vie en communion étroite avec ses enfans pour le service de leurs croyances communes. Un tel souvenir doit remplir les deux artistes de la plus douce émotion. Peu de jours après, M. Paul Buffet entrait au cloître.


Cette superbe manifestation des artistes atteindra-t-elle son but auprès de mes collègues ? Je le crois fermement. Toutes les puissances d’opinion sont ébranlées. Rien de plus imposant que ce long cortège chaque jour enflé, où croyans et mécréans, esprits raffinés, âmes pieuses, Français de toutes opinions, cheminent vers la haute flèche qu’ils aiment. Et que nul ne s’offense si, dans cette heureuse procession mêlée, tandis que les plus autorisés vont s’incliner devant l’autel, d’autres demeurent sur la grand’place et regardent de loin le portail ! Cette grande question, essentiellement catholique, c’est entendu, je dois la traiter comme une question de civilisation. Jeter bas les églises de France, c’est un acte monstrueux d’ingratitude et d’imprévoyance, une diminution de la valeur humaine. Tous doivent en prendre conscience. Les protestans comprennent qu’il existe une solidarité entre toutes les interrogations et toutes les prières qui se pressent au parvis de tous les sanctuaires. Je crois savoir qu’ils se tiennent pour offensés et menacés par les brutaux qui cherchent à renverser des autels et à barrer à des millions d’êtres le seuil de l’infini. Le recteur de l’Université de Genève me fait l’honneur de m’écrire : « Je souscris sans réserve à toutes les conclusions de votre discours. » Et, pour parachever cet accord général, voici que m’arrivent des appuis dont l’importance n’échappera pas à ceux qui ont quelque habitude des milieux parlementaires ; voici qu’un inspecteur d’académie, M. Blanguernon (de la Haute-Marne), me fait l’honneur de m’écrire sous ce titre : « Ecoles et clochers, » une lettre ouverte dans le journal de M. Buisson, le Manuel général de l’Instruction primaire :

« Vous n’avez pas toujours été tendre pour les instituteurs, me dit-il en substance, et dans la campagne que vous menez pour la conservation des églises, vous ne comptiez sans doute pas sur leur concours. Eh bien ! tout de même, il faut que vous ajoutiez leur nom à ceux des savans, des artistes et des prêtres qui déjà vous soutiennent, et je suis aise de vous dire que les