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pélasgique mis à nu, le sanctuaire où la pythonisse se débattait sur le trépied d’or, dans son épilepsie fatidique. Mais qu’est devenu l’Omphalos, la pierre divine tombée de l’Olympe ?... Les Dieux sont morts et remplacés par le culte du Moi.

Comme la Grèce, la terre classique de l’Italie sera toujours un lieu de pèlerinage préféré pour les artistes et les lettrés. La terre d’Italie, nul ne l’a peinte avec plus d’amour et n’a passé des heures plus délicieuses sur les chemins qui y mènent, dans l’enchantement de ses lacs, dans la contemplation de ses œuvres d’art, que M. Gabriel Faure. Il a réussi à nous en faire partager une fois de plus la séduction et à nous en donner la sensation dans ces deux somptueux volumes : Aux Lacs Italiens[1] et la Route des Dolomites[2], où la beauté des illustrations, choisies et rendues avec un goût parfait, répond si heureusement au texte. L’élégance de l’impression de la Société des Arts graphiques de Bellegarde, les relevés photographiques ainsi que les reproductions d’aquarelles, qui ont gardé quelque chose de la fraîcheur de l’original et des nuances harmonieuses et fines de la nature même (la Crodade Lago, — le Tre Cime de Lavaredo, — la Croda Rossa), font honneur à M. Rey, éditeur à Grenoble, dont l’initiative mérite d’être encouragée.

Comme elle se prête indéfiniment à la poésie, Venise fournira indéfiniment les plus nobles thèmes et les plus séduisans aux artistes et aux lettrés. Quelle fête pour l’esprit et les yeux, lorsque, comme ici, dans les récits colorés et les vers de M. Henri de Régnier, on trouvera l’étroite union de la poésie et de la réalité des Images vénitiennes[3] où se mire la pure architecture si décorative de ses palais, de ses églises, de ses ponts en ogive, qui s’enflamment aux rayons du soleil et semblent flotter sur la Lagune, sous les doubles vibrations de la lumière et de l’eau, dans une atmosphère d’amour ! Que d’artistes nous les ont rendues familières ces merveilles de Venise, parmi lesquels le peintre de grand talent Whistler[4], qui s’y réfugia et dut faire appel à son talent d’aquafortiste en attendant que la renommée vînt frapper à sa porte après avoir vaincu toutes les résistances. Le roman de sa vie, tour à tour gai, triste ou poignant, se déroule en entier dans cette traduction de l’anglais, d’après E. et J. Pennell, par James Mac Neill.

Consacré à un pays accidenté entre tous et dû à la plume d’un écrivain de talent, le livre de M. Albert Dauzat, la Suisse[5], qui vient

  1. J. Rey, à Grenoble.
  2. J. Rey, à Grenoble.
  3. Fontemoing.
  4. Hachette.
  5. Librairie Larousse.