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contenir les archives de l’Ourthe et celles de la Roer dont les différens services refluent sur Liège. A Bruxelles, le comte de Pontécoulant, commissaire extraordinaire, ordonne aux préfets de prendre secrètement leurs mesures d’évacuation et invite, d’ailleurs sans succès, le général Chambarlhac, commandant la 24e division militaire, à se retirer avec lui sur Valenciennes et Condé. Spectacle douloureux : ce n’est pas seulement une armée française qui bat en retraite, c’est la France elle-même qui recule et abandonne des provinces qu’elle avait crues définitivement conquises, annexées, incorporées à son empire.

Tardivement prévenu de la retraite de Macdonald et lié par les ordres de l’Empereur qui lui prescrivaient de ne point s’éloigner d’Anvers, Maison ne put aller remplacer au pont de Liège l’arrière-garde du duc de Tarente. Il dut se contenter de porter à marches forcées dans cette direction une colonne légère, dont il confia le commandement au général Castex, qui venait d’être substitué à Lefebvre-Desnoëttes. Mais Castex arriva trop tard en vue de Liège pour agir utilement et fut obligé de se replier sur Louvain. Ainsi apparaissent les regrettables conséquences de la mesure que, pour renforcer sa trop faible armée, Napoléon dut se résigner à prendre en rappelant à soi Macdonald ; car aussitôt que la tête des troupes de Wintzingerodo apparut sur Namur, Bulow, qui restait concentré à Bréda avec 24 000 hommes, achemina vers Bruxelles l’une des divisions de son armée, la division Borstell.

Deux partis s’offraient dès lors à Maison : ou bien, acceptant de se voir coupé de la France, il s’enfermerait dans Anvers ; ou bien, laissant dans cette place une forte garnison, il se porterait avec les 4 000 hommes de la division Barrois et les 800 cavaliers de Castex au-devant de l’ennemi, pour en retarder la marche sur la ligne des places du Nord. Maison choisit le second de ces deux partis qu’il considérait comme étant « le plus utile » à sa patrie, mais aussi le plus dangereux et « le moins brillant pour lui. » Il irait donc attendre les têtes de colonnes ennemies qu’il repousserait aisément, engageant ainsi son adversaire à peser sur lui avec des forces supérieures ; mais alors, refusant un combat trop inégal, Maison exécuterait un mouvement rétrograde pour aller prendre une autre position. Tel est le plan que le commandant du 1er corps suivra constamment durant cette pénible campagne, dont nous allons tenter de faire le récit.