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direction une reconnaissance qui rencontra l’ennemi au-delà d’Olignies, le chargea et le reconduisit vivement jusqu’à Lessines. Un feu nourri d’infanterie arrêta devant ce bourg les cavaliers de Meuziau. Plus tard apparut au loin et dans la même direction une colonne de soldats français qui, faits prisonniers sur parole à la reddition de Bois-le-Duc, rentraient en France sous l’escorte de quelques cavaliers. Derrière ces prisonniers, un détachement ennemi cherchait à se dissimuler pour approcher de nos avant-postes et les surprendre. Constatant que cette ruse était éventée, les Prussiens déployèrent leur infanterie dans la plaine, mais le général en chef, déjà prévenu, avait fait prendre les armes à deux régimens de la division Barrois, cantonnés à Ath. Ces régimens n’eurent pas à intervenir, car, après quelques coups de carabine échangés entre tirailleurs à cheval, l’ennemi se retira sur Enghien[1].

Ces mouvemens indiquaient l’approche des alliés. Assurément ils étaient en nombre, car la division Borstell avait quitté Bruxelles pour se mettre à la poursuite du 1er corps. En tardant à se retirer derrière l’Escaut, Maison risquait d’être coupé de Lille. Il résolut donc de se replier sur Tournai, où le général Chambarlhac gardait le passage du fleuve avec les détachemens qu’il avait amenés de Bruxelles, et où le général Ledru des Essarts, commandant supérieur des troupes réunies sur ce point, avait rassemblé 1 700 fantassins et 130 gendarmes, dont se renforcerait le 1er corps. Parmi ces troupes, figurait une colonne volante aux ordres du général Saunier, colonne qui, jusqu’alors indépendante du 1er corps, occupait précédemment Gand.

Le 10 février, toutes les troupes du 1er corps se trouvaient concentrées à Tournai. L’armée y prit aussitôt position en arrière de l’Escaut, étendant sa droite sur la route de Valenciennes jusqu’à Maulde, sa gauche dans la direction d’Audenarde et de Courtrai jusqu’à Espierres ; tandis que deux détachemens placés à Wattrelos et à Tourcoing surveillaient la contrée vers Menin. Enfin Meuziau s’établissait en réserve à Lannoy avec sa cavalerie.

Nous avons dit que, avant de quitter Tubize, Maison avait chargé le général Obert de rallier vers Soignies la colonne Castex et de la mener à Mons. En faisant marcher Castex et le

  1. Historique des opérations du 1er corps d’armée en Belgique, pendant l’année 1814.