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chef d’état-major sur Mons, Maison se proposait de dégager les troupes du général Penne et le 12e voltigeurs, au cas où ils seraient bloqués dans cette ville. Parti de Tubize avec 50 chevaux, Obert gagna directement Soignies, d’où il eut à déloger un parti ennemi qu’il fit poursuivre sur la route de Rœulx. Obert apprit alors qu’après avoir tenté, la veille, de prendre Mons, les alliés s’étaient retirés, mais que Penne avait néanmoins évacué la ville. En effet, sur l’avis que l’ennemi menaçait Maubeuge, Penne, craignant d’être tourné et voulant rester en mesure de secourir cette place, se repliait sur Valenciennes. Lorsque Castex, venant d’Henripont, rejoignit Obert à Soignies, il lui fallut tout d’abord donner du repos à sa troupe. Ces deux généraux ne purent donc pénétrer dans Mons qu’à une heure avancée de la nuit. La ville n’était point occupée, mais au matin, quelques cosaques apparurent. Après les avoir écartés, la colonne se remit en route, et, tandis que Castex allait à Tournai rejoindre l’armée, Obert s’arrêtait à Valenciennes pour y surveiller la répartition des troupes dans les diverses places et pour y conférer avec le général Carra-Saint-Cyr, auquel Maison, faute de pouvoir l’employer en campagne, venait de confier le commandement supérieur de Valenciennes et de Condé.

Rendant compte à son chef de l’affectation donnée à divers corps de troupes, le général Obert, ignorant que Maison allait se porter en arrière de l’Escaut, lui écrivait : « Si vous voulez rester quelque temps à Ath, dites-moi, je vous prie, de vous rejoindre. Tout ce que je vois ici me navre et me saigne le cœur : mauvais esprit chez les habitans, lenteur, misère dans toutes les administrations[1]. » Pourtant le général Brenier assurait que, dans sa division militaire, il pressait activement la formation des bataillons destinés au 1er corps : « Mais, observait-il, c’est une phrase que j’ai répétée sur tous les tons aux commandans de dépôt et qui ne signifie plus rien. D’abord les hommes manquent, ensuite l’armement et l’équipement. Je fais incorporer dans les régimens tous les hommes isolés, dont les dépôts sont trop éloignés, mais ces hommes sont nus et les corps n’ont aucuns moyens[2]. »

L’administration de la Guerre envoyait quand même à Maison dépêche sur dépêche, l’invitant à compléter autant que possible

  1. Obert à Maison, 7 février 1814. — Archives historiques de la Guerre.
  2. Brenier à Maison, 5 février 1814. — Archives historiques de la Guerre.