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Le général-major de Gablentz, posté sur la Nèthe, observait Anvers, tandis que Graham maintenait ses troupes concentrées à Zundert. Ces deux généraux, ainsi placés, pouvaient prendre simultanément en front et en flanc tout détachement de la garnison qui tenterait une sortie. Lancé à la poursuite de Maison, et maintenant établi à Tournai avec sa division, 1400 cavaliers et 16 pièces, Borstell faisait occuper par le major Hellvig la ville de Courtrai dont le colonel russe baron de Geismar s’était emparé le 15 février. Ce colonel portait aussitôt sur Cassel et Hazebrouck son régiment de cosaques et deux escadrons de hussards saxons. Le général Lecoq qui avait sous ses ordres quatre bataillons, deux escadrons et environ dix pièces, observait Condé et tenait la campagne en avant de Leuze, assurant ainsi les communications entre Tournai et Mons, ville que le général-major Ryssel occupait avec cinq escadrons et une batterie et demie d’artillerie. Pour défendre les Pays-Bas contre Maison, tout en restant à même de s’opposer à une vigoureuse sortie de la garnison d’Anvers, le Duc de Weimar crut devoir établir sur la ligne de la Dendre le gros des troupes saxonnes et transporta son quartier général de Bruxelles à Ath, où il arriva le 19 février.

Cependant, la marche de Bulow, qui abandonnait la Belgique et le Nord pour appuyer dans la direction de la capitale, causait à Paris de sérieuses inquiétudes. « L’intention de l’Empereur, écrivait alors Clarke à Maison, est que vous vous portiez en avant et que vous réunissiez toutes les garnisons afin de rappeler Bulow à la défense de la Hollande[1]. » Le ministre ne se rendait point compte que l’armée du Duc de Weimar, numériquement très supérieure au 1er corps, suffisait à assurer aux alliés la conservation des Pays-Bas comme à couvrir les derrières de Bulow, et que, par suite, aucune démonstration ne déciderait ce général à rétrograder. « Il faut, répondait Maison au duc de Feltre, que Sa Majesté soit trompée sur mes moyens, pour m’ordonner de me porter en avant. Je n’ai point d’armée et je n’en ai jamais eu. Tout ce que j’ai pu faire a été d’avoir un commencement de garnison dans les places de l’ancienne frontière. Je n’ai avec moi que 3 600 fantassins et 800 chevaux[2]. »

  1. Le ministre à Maison, 16 février 1814. — Archives historiques de la Guerre.
  2. Maison au ministre, 19 février 1811. — Archives historiques de la Guerre.