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que Solignac, refoulant les postes ennemis, allait arriver devant Tournai. Le général en chef se hâta de le rejoindre avec la cavalerie et du canon.

L’artillerie prit position au Nord de Tournai sur la route d’Audenarde, à l’Ouest sur celle de Lille et ouvrit son feu à la nuit tombante, tandis que la division Solignac cherchait À s’approcher de la place dont la garnison, aux ordres du colonel Eglastein, s’élevait à environ 2 000 hommes. L’infanterie ennemie, postée sur les remparts, se vit bientôt fusillée par les tirailleurs de la division Solignac qui s’étaient avancés jusqu’au pied même de ces remparts et le tir des quelques pièces de gros calibre, dont disposait Eglastein, restait sans grand effet, alors que nos obus tombaient dru sur la ville et y causaient certains dommages. Au début de cette action, Maison n’avait eu sous la main, en fait d’infanterie, que la seule division Solignac, car la division Barrois était restée en observation à Avelghem. Elle devait ensuite se rabattre directement sur Lille pour couvrir la marche de la gendarmerie et des prisonniers, du grand parc et des bagages qui s’acheminaient de Courtrai à Lille par Menin. Quant à la division Roguet que, chemin faisant, le général en chef avait laissée en arrière, elle ne put arriver qu’assez tard devant Tournai. Comme les troupes, qui toutes avaient combattu à Courtrai dans la matinée, semblaient harassées, Maison ne voulut point engager les régimens de Roguet. À dix heures du soir, il fit cesser le bombardement. Mais, durant la nuit, Maison, qui avait maintenu fort prudemment toutes ses forces sur la rive gauche de l’Escaut, fut avisé que, par-delà ce fleuve, des renforts s’introduisaient dans la place. La brigade Gablentz, arrivant d’Audenarde par la rive droite, et le détachement établi à Leuze en soutien de la garnison entraient en effet à Tournai. Constatant que dès lors la ville était bien gardée, Maison quitta les hauteurs d’Orcy, le 1er avril au jour, pour rentrer à Lille, où, dans cette même matinée, tout le corps d’armée se trouva réuni[1]. Ainsi, en moins d’une semaine, Maison, délogeant l’ennemi de Courtrai, puis de Gand, opérait sa jonction avec la garnison d’Anvers et ralliait à soi la division Roguet. Trompant

  1. Historique des opérations du 1er  corps d’armée en Belgique pendant l’année 1814. — Opérations du 3e corps d’armée allemand sous les ordres du duc de Weimar en 1814 : Relation de Plotho. — Maison au ministre, 1er avril 1814. — Archives historiques de la Guerre.