Page:Revue des Deux Mondes - 1914 - tome 19.djvu/207

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

alors sur ses projets le Duc de Weimar, il se retirait tranquillement vers Courtrai où il battait Thielmann lancé à sa poursuite ; il allait bombarder Tournai ; enfin il ramenait à Lille son armée renforcée et maintenant prête à marcher au secours des places de l’ancienne frontière.

Cependant les alliés s’étaient trouvés dans la nécessité de lever le siège de Maubeuge ; car Borstell, qui contenait les garnisons de Condé, du Quesnoy et de Valenciennes, venait de recevoir l’ordre d’aller rejoindre, devant Soissons, l’armée de Bulow dont il était momentanément détaché. Durant plusieurs jours, on ignora complètement à Lille cette heureuse nouvelle. Aussi, à peine arrivé, Maison prit-il ses dispositions pour opérer un mouvement sur les places de l’ancienne frontière, se proposant d’aller tout d’abord secourir Maubeuge, puis de marcher sur Landrecies et découper les communications de l’ennemi.

Maison se mit en marche le 4 avril et apprit, le 5, en arrivant à Valenciennes, l’entrée des alliés à Paris. En présence des graves événemens qui se déroulaient dans la capitale, et maintenant informé que l’ennemi venait de lever le siège de Maubeuge, Maison résolut aussitôt de retourner à Lille, non toutefois sans renforcer au préalable les garnisons des diverses places, de façon à les mettre en état de faire face à toutes les éventualités. Quelques jours plus tard on eut connaissance de la formation d’un gouvernement provisoire et comme on fut alors informé que divers corps de l’armée française avaient déjà convenu avec les puissances alliées des suspensions d’armes, Maison et Thielmann, voulant éviter une effusion de sang désormais inutile, s’entendirent, à la date du 7 avril, pour cesser entre eux deux les hostilités.


A la tête du 1er corps Maison était parvenu à sauver la partie de la frontière qu’il avait pour mission de protéger. Après avoir écarté d’Anvers les alliés et pourvu à la défense de cette place en y laissant presque toutes les troupes destinées à son armée, Maison, plutôt que de s’y enfermer, s’en était au contraire détaché pour tenter de couvrir la Belgique. Avec 5000 hommes seulement il s’était tout d’abord porté sur Bruxelles, mais soucieux par-dessus tout de sauvegarder l’ancienne frontière, il s’était bientôt rabattu sur Mons et ensuite sur Lille, jetant dans les